📆 L’HEBDO 01/02 – DeepSeek : la rĂ©volution des IA frugales | Monde NumĂ©rique – Podcast

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  • mars 12, 2025
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📆 L’HEBDO 01/02 – DeepSeek : la rĂ©volution des IA frugales | Monde NumĂ©rique – Podcast


Transcription :

Monde Numérique :
[0:10] Et si on fabriquait des intelligences artificielles avec des bouts de ficelle

Monde Numérique :
[0:14] ? En tout cas face au gigantisme amĂ©ricain, le chinois DeepSeek rebat les cartes avec son IA bon marchĂ©. C’est le sujet de la semaine, on en parle avec Luc Julia, spĂ©cialiste de l’intelligence artificielle, qui nous expliquera pourquoi DeepSeek change les règles, mais aussi ce qui se cache derrière cette IA chinoise. Avant cela, l’actu de la semaine, on va revenir sur le fiasco Lucie, Une IA française lancĂ©e bien trop tĂ´t, ridiculisĂ©e sur Internet. Dans le quantique, en revanche, tout va bien, avec des annonces de la part des pĂ©pites françaises du secteur. Et puis, passer un coup de fil par satellite avec son smartphone. Ce sera bientĂ´t possible, en tout cas, des tests très intĂ©ressants ont eu lieu cette semaine. Dans le dĂ©brief transatlantique avec Bruno Guglielminetti, on Ă©voquera le nouveau cri d’alarme du spĂ©cialiste de l’IA Joshua Benjo face au danger de l’intelligence artificielle.

Monde Numérique :
[1:14] Les interviews de la semaine, après Luc Julia qui sera dĂ©sormais invitĂ© chaque mois dans Monde NumĂ©rique, vous allez tout savoir sur une technologie française innovante pour diffuser de l’information sur Internet en rĂ©inventant carrĂ©ment le web. Je reçois le responsable du projet Frogans. Enfin, Julien Villeret d’EDF viendra nous parler d’un système Ă©tonnant pour surveiller la biodiversitĂ© grâce Ă  l’ADN et au Big Data. Bienvenue Ă  l’Ă©coute de Monde numĂ©rique, c’est l’hebdo du 1er fĂ©vrier 2025.

Guest:
[1:52] Monde numérique, Jérôme Colombain.

Monde Numérique :
[1:58] Comment allez-vous en cette nouvelle annĂ©e pleine d’IA, encore une fois ? Vous avez fait le bon choix, celui de vous brancher sur Monde NumĂ©rique, de vous abonner Ă  ce podcast qui vous propose chaque jour un Ă©clairage sur l’actu tech qui change nos vies et notamment chaque samedi, l’hebdo, 50 minutes de news et d’interviews, plus d’une heure si vous ĂŞtes abonnĂ© Ă  la version premium sur Apple Podcasts, les autres jours de la semaine, des chroniques sur l’actu tech, des Ă©ditos, des interviews long format disponibles sur toutes les plateformes, Ă©galement sur YouTube en audio, et sur les assistants vocaux. Monde NumĂ©rique, c’est aussi une newsletter. Vous pouvez vous y abonner via le site
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Monde Numérique :
[3:06] L’info de la semaine, c’est donc ce fameux DeepSeek. Vous n’avez pas pu passer Ă  cĂ´tĂ©, c’est la surprise, que disent le choc, le sĂ©isme DeepSeek. DeepSeek, cette entreprise chinoise qui a dĂ©voilĂ© des modèles d’intelligence artificielle aussi puissants que notamment ChatGPT, mais qui coĂ»terait beaucoup moins cher que les très très coĂ»teux modèles amĂ©ricains. Beaucoup moins cher Ă  la fois pour leur entraĂ®nement, c’est-Ă -dire leur conception, et aussi dans leur utilisation.

Monde Numérique :
[3:34] RĂ©sultat, panique Ă  bord aux Etats-Unis, panique du cĂ´tĂ© des gĂ©ants de l’IA, qui pourtant chantent sur tous les tons depuis des annĂ©es Ă  leurs actionnaires qu’il faut des milliards pour construire des IA performantes. VoilĂ  que tout d’un coup, un nouveau venu casse le game. Alors, chute des valeurs technologiques au Nasdaq aux Etats-Unis, Trump qui parle d’un signal d’alarme pour les entreprises amĂ©ricaines, l’investisseur Marc Andresen qui Ă©voque un moment Spoutnik, ce qui revient Ă  dire « on s’est fait doubler », Bref, un vĂ©ritable sĂ©isme, vous dis-je. Je vous en parle en dĂ©tail dans un Ă©pisode sĂ©parĂ© de Monde NumĂ©rique en date du 30 janvier. Et puis on va y revenir, bien Ă©videmment, tout Ă  l’heure, avec Luc Julia, je l’ai dit, qui dĂ©monte un peu ce qu’il y a derrière DeepSeek. Vous allez comprendre que les choses ne sont peut-ĂŞtre pas aussi simples qu’elles en ont l’air. Car derrière le succès de cette IA qui a provoquĂ© un vĂ©ritable buzz mĂ©diatique planĂ©taire ces dernières semaines, eh bien, il y a aussi la face sombre de DeepSeek, OpenAI, notamment la start-up amĂ©ricaine, qui accusent les Chinois d’avoir un peu piquĂ© ces modèles, d’avoir copiĂ© Ă©hontĂ©ment ChatGPT. En plus, visiblement, le bon marchĂ© a ses limites, mais ça, on le savait dĂ©jĂ , pas seulement en IA, car des chercheurs en cybersĂ©curitĂ© ont dĂ©couvert une faille majeure chez DeepSeek.

Monde Numérique :
[4:49] Provoquant la fuite, apparemment, de milliers, centaines de milliers de donnĂ©es, donc des donnĂ©es saisies par les utilisateurs du chatbot, et qu’on a retrouvĂ©es comme ça en libre accès sur le web, ça fait un peu dĂ©sordre. Sans doute l’une des raisons pour lesquelles le modèle chinois est pour l’instant interdit en Italie et en Irlande. Et en France, la CNIL, de son cĂ´tĂ©, la Commission informatique et libertĂ©, a annoncĂ© Ă©galement qu’elle allait lancer des investigations pour savoir si le chatbot chinois prĂ©sentait ou pas des risques pour les donnĂ©es personnelles. Bref, beaucoup Ă  dire Ă  propos de ce deep-sync.

Monde Numérique :
[5:23] En France, pendant ce temps, malheureusement, gros flop cette semaine avec l’affaire Lucie. Lucie, une IA gĂ©nĂ©rative française dĂ©veloppĂ©e par l’entreprise Linagora et le CNRS, destinĂ©e au secteur Ă©ducatif et prĂ©sentĂ©e lorsqu’elle a Ă©tĂ© lancĂ©e en dĂ©but de semaine comme une alternative Ă©thique aux solutions amĂ©ricaines. Problème, trois jours après son lancement Ă  peine, Lucie a dĂ» ĂŞtre suspendue en catastrophe car le système a Ă©tĂ© inondĂ© de requĂŞtes, alors certes très farfelues, mais qui ont rĂ©vĂ©lĂ© qu’en fait, ce système ne fonctionnait pas du tout. C’est un peu classique, en fait, lorsqu’une nouvelle IA arrive, des petits rigolos s’amusent Ă  la bombarder avec des questions absolument surrĂ©alistes. Par exemple, qu’est-ce que c’est que les Ĺ“ufs de vache ? Ou bien combien pèsent les trous dans le gruyère ? Ou encore des opĂ©rations arithmĂ©tiques pour tester ses capacitĂ©s de calcul. Et Ă  chaque fois, Lucie a lamentablement Ă©chouĂ©, par exemple en annonçant que les trous d’angruyère pesaient entre 10 et 20 grammes ou que 2 plus 2 Ă©gale 17, bref, un vĂ©ritable carnage. PrĂ©sentĂ©e comme unie Ă  open source, alimentĂ©e par des donnĂ©es uniquement en français, Lucie avait pourtant pour but d’offrir des rĂ©ponses scientifiquement vĂ©rifiĂ©es tout en garantissant le respect des valeurs europĂ©ennes. Le problème, c’est que visiblement, le produit a Ă©tĂ© lancĂ© avant mĂŞme d’ĂŞtre sec.

Monde Numérique :
[6:46] Un projet de recherche ont expliquĂ© ces dirigeants, dans une dĂ©marche d’amĂ©lioration collaborative, visiblement, mais malheureusement, vu le contexte dans lequel on est, avec chaque jour des innovations plus spectaculaires les unes que les autres, eh bien, ça s’est vraiment mal passĂ©. Alors, il faut dire que Lucie n’a vraiment pas fait l’objet d’une grande indulgence. Mais le fait est que le timing n’Ă©tait pas très bon, après les annonces fracassantes aux Etats-Unis autour du projet Stargate, avant le sommet mondial de l’IA, ce grand Ă©vĂ©nement qui doit avoir lieu Ă  Paris les 10 et 11 janvier. Bref, c’est tombĂ© au plus mauvais moment, extrĂŞmement mal prĂ©sentĂ©. Lucie, pour autant, n’est pas mort. Certes, elle a Ă©tĂ© dĂ©branchĂ©e, mais l’initiative et l’expĂ©rience continuent avec un accès limitĂ© Ă  des utilisateurs qui sont inscrits pour amĂ©liorer ce projet.

Monde Numérique :
[7:38] Heureusement, dans le quantique, en revanche, tout va bien, apparemment, avec des annonces intĂ©ressantes cette semaine en France. D’abord la start-up Alice & Bob, qui a annoncĂ© une belle levĂ©e de fonds de 100 millions d’euros. Alice & Bob, c’est cette entreprise fondĂ©e en 2020 qui dĂ©veloppe une technologie originale dite de 4 qubits pour corriger de manière naturelle les erreurs quantiques. C’est l’un des principaux dĂ©fis de l’informatique quantique. Ces 100 millions d’euros doivent servir, doivent permettre Ă  Alice et Bob d’accĂ©lĂ©rer le dĂ©veloppement de son ordinateur quantique et de recruter une centaine de personnes. L’entreprise prĂ©voit de commercialiser d’ici Ă  2026 un processeur quantique de 100 qubits logique, ce qui sera Ă©videmment une Ă©tape importante vers un ordinateur quantique, utilisable ensuite commercialement. Dans le quantique toujours, une autre startup française du secteur promet des nouveautĂ©s pour bientĂ´t, c’est Candela, qui doit dĂ©voiler la semaine prochaine, ce qui est prĂ©sentĂ© comme une avancĂ©e majeure dans le domaine du quantique photonique. Ça concerne, lĂ  encore, les erreurs, les calculs, les fautes gĂ©nĂ©rĂ©es par l’informatique quantique et on aurait trouvĂ© un moyen de rĂ©duire de manière significative ces erreurs de calcul. On en saura plus après le 7 fĂ©vrier.

Monde Numérique :
[8:54] Allez, revenons Ă  des choses plus terre-Ă -terre. Si vous possĂ©dez une montre connectĂ©e de sport de la marque Garmin, Mauvaise blague, cette semaine vous avez peut-ĂŞtre constatĂ© que votre montre avait de gros problèmes et a sĂ©rieusement buguĂ©, en tout cas ça concernait certains modèles de la marque Garmin. A la place des fonctions habituelles, les utilisateurs ont vu apparaĂ®tre un Ă©trange logo en triangle surnommĂ© le triangle bleu de la mort. Problème dĂ» au GPS visiblement. Garmin a reconnu qu’il y avait un bug, c’est-Ă -dire vraiment une erreur de code dans certains de ses fichiers suite Ă  une mise Ă  jour rĂ©cente qui provoquait une panne mondiale dès qu’on faisait appel au GPS. Alors pour rĂ©gler le problème rapidement, la marque recommande de redĂ©marrer sa montre ou en dernier recours de faire une restauration complète des paramètres d’usine et ensuite de ne pas utiliser les fonctions liĂ©es au GPS en attendant un correctif.

Monde Numérique :
[9:52] Et on termine avec une avancĂ©e intĂ©ressante en matière de tĂ©lĂ©com. Apple a rĂ©alisĂ© aux Etats-Unis un test de communication directe avec un iPhone via les satellites Starlink. Cela dans le cadre d’un partenariat avec l’opĂ©rateur T-Mobile. Alors, on sait qu’on peut dĂ©jĂ  envoyer avec un iPhone des messages d’urgence par satellite ou avec une Apple Watch d’ailleurs, lorsqu’il n’y a pas de rĂ©seau. C’est une fonction qui a Ă©tĂ© introduite il y a quelques temps.

Monde Numérique :
[10:20] Ça permet, en cas d’urgence, de communiquer, mais c’est limitĂ© au message Ă©crit. LĂ , il s’agit d’aller plus loin en prĂ©parant l’utilisation pour des appels vocaux via les satellites. Ça veut dire qu’on pourra, Ă  terme, passer des coups de fil de n’importe oĂą sur la planète directement avec son iPhone. On appelle ça le direct to sell. Ça ne veut pas dire que le satellite va remplacer les rĂ©seaux mobiles terrestres traditionnels Ă  terme, mais c’est potentiellement une très bonne nouvelle, car ce serait une alternative très utile dans certains cas. Ce n’est pas tout. Au Royaume-Uni, on a fait encore mieux. L’opĂ©rateur Vodafone a rĂ©alisĂ©, lui, un appel visio par satellite avec un smartphone classique 4G, 5G. Enfin, l’appareil a Ă©tĂ© lĂ©gèrement modifiĂ© visiblement. Et c’est une première de rĂ©aliser vĂ©ritablement un appel visio par satellite avec un smartphone classique. Ça passait par le rĂ©seau de satellites en orbite basse Bluebird. Vodafone projette de lancer commercialement ce service. d’ici un an environ. C’est donc une Ă©volution vraiment intĂ©ressante parce que jusqu’Ă  prĂ©sent, les appels satellitaires Ă©taient accessibles uniquement avec des tĂ©lĂ©phones spĂ©ciaux, avec des grosses antennes. Mais demain, on pourra peut-ĂŞtre passer des coups de fil grâce aux satellites depuis absolument n’importe oĂą, depuis l’ocĂ©an ou depuis une zone de montagne ou autre, non couverte par les rĂ©seaux terrestres. Et ce serait vĂ©ritablement la fin des zones blanches Ă  l’Ă©chelle planĂ©taire.

Guest:
[11:46] Le débrief transatlantique. Jérôme Colombain, salut.

Monde Numérique :
[11:49] Bonjour Bruno Guglielminetti.

Guest:
[11:51] Est-ce que Paris se porte bien aujourd’hui?

Monde Numérique :
[11:53] Mais oui, Paris va bien. Je suis ravi de te retrouver pour ce débrief transatlantique hebdomadaire.

Guest:
[11:58] JĂ©rĂ´me, est-ce que tu as vu passer le nouvel appel de Yoshua Bengio?

Monde Numérique :
[12:05] Absolument. Je voulais que tu m’en parles parce que c’est quand mĂŞme intĂ©ressant. Joshua Benjo, qui est canadien et qui est un grand pont de l’IA et qui remet une couche sur le cĂ´tĂ© attention, danger avec l’intelligence artificielle, c’est ça?

Guest:
[12:18] Oui, parce qu’il y a deux ans, il nous avait fait le coup et il avait signĂ© Ă  la fois aux Nations unies, mais aussi dans un manuscrit ou une pĂ©tition qui avait Ă©tĂ© faite par des gens de l’industrie sur le fait qu’il fallait regarder sĂ©rieusement les enjeux et les risques rattachĂ©s Ă  l’utilisation de l’intelligence artificielle. Et lĂ , il en remet, mais cette fois-ci, c’est Ă  la demande du gouvernement britannique. Tu te souviendras, il y a eu un sommet il y a un an et quelques mois en Angleterre. D’ailleurs, c’Ă©tait notre bon roi Charles III qui Ă©tait le patron de l’Ă©vĂ©nement. Et dans le cadre de l’Ă©vĂ©nement, il y avait le premier ministre de l’Ă©poque qui avait mandatĂ©, Joshua Benjo, Ă  aller chercher des experts qu’il estimait pour Ă©crire un rapport sur les risques, la sĂ©curitĂ© entourant Ă  l’IA avancĂ©e. Et donc, on vient d’avoir la publication. C’est 96 experts venant de 30 pays diffĂ©rents qui ont collaborĂ© Ă  l’Ĺ“uvre. Yoshua Bengio en a assurĂ© la direction.

Guest:
[13:22] Et finalement, on en arrive avec, puis il faut le faire parce que c’est des centaines de pages ce document-lĂ , mais quand on arrive Ă  extirper l’essentiel. On voit finalement qu’il y a trois risques qui sont et on ramène ça dans trois catĂ©gories. Il y a l’usage… Maintenant, ça devient très concret. Oui, oui, oui, parce que lĂ , il y a l’usage malveillant de l’intelligence artificielle qu’on peut exploiter dans des cyberattaques, la crĂ©ation de contenus trompeurs. Bon, lĂ , pensons aux des fakes, mais aussi Ă  la dĂ©sinformation. De l’autre cĂ´tĂ©, il y a les dysfonctionnements de l’IA en tant que tel qui peut prĂ©senter des billets. D’ailleurs, on en parle dans ton Ă©mission vendredi. Et puis aussi, il y a ce risque systĂ©mique, l’adoption de l’IA qui pourrait perturber le marchĂ© du travail, soulever des prĂ©occupations en matière de vie privĂ©e, si c’est mal encadrĂ©. Et donc, pour ça, il arrive avec sa bande d’experts Ă  arriver avec diffĂ©rentes mesures qui sont proposĂ©es. Je ne vais pas passer Ă  travers, mais si ça vous intĂ©resse, le chemin le plus court, je vous dirais, c’est vous allez sur
moncarnet.com. Il y a un article, Ă  la fin, il y a un lien pour aller tĂ©lĂ©charger. Il y a l’article, si vous voulez faire un rĂ©sumĂ© de la chose.

Monde Numérique :
[14:33] Qui est très, très bien.

Guest:
[14:34] Merci. Mais il y a un lien vers l’enquĂŞte, le rapport, pardon. Et puis, ça vous permettra de voir les grandes lignes. Mais je pense que c’est rafraĂ®chissant et rĂ©aliste Ă  ce moment-ci, surtout avec l’actualitĂ© des derniers jours, de nous ramener sur c’est beau, ça va bien, c’est formidable. Mais attention, il y a toujours des risques Ă  utiliser l’IA si c’est mal utilisĂ© et si son utilisation n’est pas contextualisĂ©e.

Monde Numérique :
[15:03] Tout Ă  fait. C’est une vigie nĂ©cessaire, Joshua Benjo, comme d’autres. Mais c’est vrai que c’est une ligne de crĂŞte qui est difficile Ă  tenir parce qu’il ne faut pas non plus effrayer. Tu vois, on en a dĂ©jĂ  parlĂ© ensemble. Le discours en Europe et en France est souvent anxiogène par rapport Ă  l’IA.

Monde Numérique :
[15:23] C’est toujours oh lĂ  lĂ  tout ce que ça va changer tous les dĂ©fauts tous les risques etc et alors que quand tu vas aux Etats-Unis c’est l’inverse c’est une espèce de c’est l’Eldorado c’est l’Eldorado, voilĂ  donc il faut essayer de trouver un juste milieu en rĂ©alitĂ© et c’est ce juste milieu qui est difficile Ă  trouver et je pense que c’est lĂ  oĂą le sommet de l’IA Ă  Paris va essayer de bien se positionner lĂ -dessus ça va ĂŞtre une vision assez europĂ©enne j’espère que ce ne sera pas une vision trop nĂ©gative ce serait dommage, mais il faut aussi parce qu’il faut quand mĂŞme de l’optimisme mais il faut du rĂ©alisme enfin c’est vrai que c’est intĂ©ressant ce que dit Osha Benjo parce que du coup il met le doigt de manière très très concrète sur des risques qu’on a dĂ©jĂ , En fait, auquel on est dĂ©jĂ  confrontĂ© aujourd’hui. C’est dĂ©jĂ  une rĂ©alitĂ©, ces problĂ©matiques-lĂ .

Guest:
[16:09] Mais selon toi, est-ce que tu as l’impression que va sortir du sommet une entente, une dĂ©claration, quelque chose comme ça?

Monde Numérique :
[16:17] Écoute, je ne sais pas. Je pense qu’il y aura volontĂ© de marquer le coup.

Guest:
[16:21] Parce que je sais que tu as des entrĂ©es Ă  l’ÉlysĂ©e.

Monde Numérique :
[16:22] Oui, bien sĂ»r. Je pense qu’il y aura des annonces d’Emmanuel Macron. Mais les annonces, il faut qu’elles soient europĂ©ennes aujourd’hui. Moi, je me raccroche plus Ă  ce qu’a pu dĂ©clarer rĂ©cemment la prĂ©sidente de la Commission europĂ©enne, Ursula von der Leyen, qui essaye de fixer un cap, qui s’appuie sur le rapport Draghi. On en a parlĂ© dans le Grand DĂ©brief, tous les trois, avec François Sorel. Je pense qu’il faut que ce soit notre boussole, ce rapport Draghi, sur plein de points, et notamment sur l’intelligence artificielle. Donc, je ne sais pas trop ce qui va en ressortir. Il ne faut pas oublier que c’est aussi, politiquement, la France essaye de reprendre l’avantage parce que le premier sommet de ce genre-lĂ  avait eu lieu en Grande-Bretagne et ils avaient marquĂ© des points, les Anglais, avec ce truc-lĂ . Ils Ă©taient les premiers Ă  faire un grand sommet. Bon, voilĂ , après, il y aura beaucoup de dĂ©clarations d’intentions et puis des initiatives Ă  droite Ă  gauche. Moi, je n’arrĂŞte pas de recevoir des sollicitations pour des tas d’Ă©vĂ©nements pĂ©riphĂ©riques, d’entreprises, de groupements d’entreprises, etc. Chacun veut apporter sa pierre Ă  l’Ă©difice. Bon, ce n’est pas plus mal. On verra ce qu’il en ressortira. On en reparlera la semaine prochaine, mon cher Bruno. Bruno, qu’est-ce qui se passe dans ton carnet cette semaine?

Guest:
[17:37] Dans mon carnet, Ă©coute, je te parle de trois sujets qui vont peut-ĂŞtre intĂ©resser tes auditeurs. Je parle avec une des auteurs d’un nouveau livre qui sort en France qui s’appelle RĂ©volution IA. C’est intĂ©ressant. Dans le cas de mon invitĂ©e, elle est mathĂ©maticienne. Elle passe sa vie entre la France et les États-Unis. Et justement, on, totalement diffĂ©rente entre les deux continents. Et puis aussi, de l’Ă©volution, de l’intĂ©gration de l’IA un peu partout dans nos vies. J’accueille aussi Tarek Krim.

Monde Numérique :
[18:13] Ah, Tarek Krim.

Guest:
[18:15] Oui, Tarek Krim. Regarde, tu as Luc, Julia, moi je suis Tarek Krim. On se partage. Et puis avec lui, Ă©videmment, je ne pouvais pas parler d’autre chose. Un des psyches Ă  question de voir comment lui perçoit cet arrivĂ©, comment ça va chambouler l’industrie. Et puis aussi, ce n’est pas rien. Dans deux semaines au Canada, c’est les Canadian Game Awards. Wow!

Monde Numérique :
[18:34] Qu’est-ce que c’est que ça?

Guest:
[18:35] C’est les grands prix du jeu vidĂ©o. Tu sais qu’au Canada, il y a toute l’industrie du jeu vidĂ©o.

Monde Numérique :
[18:40] Bien sûr.

Guest:
[18:41] Je pense que, de mĂ©moire, c’est 5 % du PIB du Canada qui vient de l’industrie du jeu vidĂ©o.

Monde Numérique :
[18:47] Ah oui?

Guest:
[18:47] C’est une grosse industrie. C’est des dizaines et des dizaines et des dizaines de milliers de gens qui travaillent Ă  la grandeur du… Au QuĂ©bec, il y a beaucoup de monde, mais Ă  Toronto, Ă  Vancouver, Ă  Edmonton. Donc, tout ce beau monde-lĂ  se retrouve Ă  Toronto. et puis j’ai en entrevue Carl Edwin Michel qui est le producteur exĂ©cutif de cette grande soirĂ©e de gala et ce qui est intĂ©ressant et ça je trouve ça va peut-ĂŞtre donner des idĂ©es Ă  des français qui nous Ă©coutent, c’est que plutĂ´t que de faire juste un gala oĂą on va donner des prix aux gens, ils utilisent le prĂ©texte que l’industrie se retrouve Ă  Toronto pour pendant la journĂ©e faire une exposition oĂą les gens peuvent venir jouer aux jeux, venir essayer les titres canadiens, Puis quand on sait que 88% de ce qu’on produit est exportĂ© en fĂŞte de titre, il y a des petits studios, il y a des immenses studios et c’est l’occasion pour les gens qui iront faire un tour Ă  l’Ă©vĂ©nement de tester, de voir des jeux, c’est gratuit, puis le soir, de participer au Galant.

Monde Numérique :
[19:46] Eh bien, Ă©coute, c’est allĂ©chant, tout ça.

Guest:
[19:49] J’espère.

Monde Numérique :
[19:49] Formidable. Mon cher Bruno, je te dis bye bye. J’invite tous nos auditeurs respectifs Ă  nous retrouver dans le grand dĂ©brief avec François Sorel. Ça, c’est sur Monde NumĂ©rique, Ă©pisode du mois de janvier. Et puis, on se retrouve la semaine prochaine.

Guest:
[20:02] Allez, salut.

Monde Numérique :
[20:02] Salut, salut. Ciao, bye.

Guest:
[20:14] Monde Numérique, Le meilleur de la tech.

Monde Numérique :
[20:21] Les interviews de Monde NumĂ©rique, cette semaine, vous allez dĂ©couvrir dans un instant ou peut-ĂŞtre redĂ©couvrir Frogans, une technologie française très ambitieuse de diffusion d’informations sur Internet. Je dis redĂ©couvrir car je les avais dĂ©jĂ  reçues il y a deux ans et je suis heureux d’aujourd’hui de redonner la parole Ă  Frogans pour qu’ils nous expliquent oĂą ils en sont de ce projet mĂ©connu Ă  ce jour, mais qui… Suscite beaucoup d’intĂ©rĂŞt. On recevra Ă©galement Julien Villeret, directeur d’innovation d’EDF, comme chaque mois, pour nous parler cette fois de biodiversitĂ©, de technologie au service de la biodiversitĂ©. Vous comprendrez pourquoi EDF s’intĂ©resse Ă  ça. Mais avant cela, je suis très heureux de recevoir, comme promis, et comme ce sera le cas dĂ©sormais une fois par mois, Luc Julia, spĂ©cialiste de l’intelligence artificielle, co-crĂ©ateur du système Siri d’Apple, Aujourd’hui, directeur scientifique chez Renault, Luc Julia aura donc dĂ©sormais son rond de serviette dans le monde numĂ©rique pour commenter l’actu tech et notamment l’actu de l’intelligence artificielle. Ces interviews sont proposĂ©es ici en version fortement raccourcie cette semaine. Donc, je vous invite vraiment Ă  Ă©couter les versions intĂ©grales la semaine prochaine en Ă©pisodes sĂ©parĂ©s ou bien dès Ă  prĂ©sent dans l’hebdo premium version longue sur Apple Podcasts. Bonjour Luc Julia.

Guest:
[21:40] Bonjour JĂ©rĂ´me.

Monde Numérique :
[21:41] Ravi de t’accueillir dans Monde NumĂ©rique. Et donc, comme tu as acceptĂ© de le faire, on va se retrouver une fois par mois pour commenter l’actualitĂ©, notamment l’actualitĂ© de l’intelligence artificielle, car c’est ta spĂ©cialitĂ©. Tu vis entre la France et les États-Unis. Tu suis ça de très près. Alors, que penses-tu de ce fameux deep-seek ?

Guest:
[22:01] Deep Seek, comme je dis moi, mais bon, c’est parce que ça m’amuse. Mais deep-seek. Et donc, deep-seek, c’est quoi ? DeepSync, c’est donc cette IA qui n’a rien coĂ»tĂ©, 6 millions pour faire un truc qui est Ă©quivalent en performance Ă  un OpenAI, aux dernières gĂ©nĂ©rations d’OpenAI, qui ont mis des centaines de millions pour le crĂ©er. Donc le modèle est au moins aussi bon que OpenAI et mĂŞme Ă  l’infĂ©rence, il ne coĂ»te rien. Parce qu’OpenAI, aujourd’hui, l’abonnement est Ă  20 dollars par mois. L’abonnement de DeepSync, c’est 50 cents par mois, donc l’infĂ©rence c’est Ă  dire l’utilisation du modèle voilĂ  au moment oĂą tu l’utilises donc c’est 50 cents par mois ce qui est bon donc extraordinaire alors bon après il faut se calmer il faut regarder tranquillement, il faut se demander oĂą est la vĂ©ritĂ© parce que bon ça vient de Chine c’est toujours un peu compliquĂ© ce qui vient de Chine, et donc ici il y a certainement du vrai dans le fait qu’ils n’ont pas dĂ©pensĂ© beaucoup de sous. On ne sait pas si M. Xi a donnĂ© un peu d’argent. On ne sait pas exactement.

Monde Numérique :
[23:13] Donc, le gouvernement, tu veux dire ?

Guest:
[23:15] Le gouvernement, M. le PrĂ©sident Xi. S’il a donnĂ© des sous ou pas. Donc, s’ils ont bĂ©nĂ©ficiĂ© des infrastructures chinoises et donc, du coup, qu’ils n’ont pas forcĂ©ment payĂ©. On ne sait pas si les 50 cents, c’est du dumping. Donc, il y a plein de choses qui sont un peu bizarres. Et puis lĂ , maintenant, aujourd’hui, Ă©videmment, on commence Ă  se demander si les modèles n’ont pas Ă©tĂ© un peu copiĂ©s.

Monde Numérique :
[23:38] Et voilĂ , c’est ce que dit OpenAI, qu’en fait, ça a Ă©tĂ© entraĂ®nĂ© par ce qu’on appelle distillation et donc ça revient Ă  une forme de plagiat, c’est ça ? Qu’est-ce que c’est la distillation ?

Guest:
[23:50] En gros, la distillation, tu prends un modèle existant, alors les modèles sont plus ou moins open source, alors pas tous, les modèles d’OpenAI ne sont pas vraiment open source, donc c’est pour ça que c’est un peu bizarre que ce soit les modèles d’OpenAI, mais ça peut ĂŞtre, quand tu as un modèle open source, tu peux le prendre et tu peux changer, alors quand t’as l’open source t’as non seulement les donnĂ©es et t’as les algorithmes donc tu sais comment le modèle est crĂ©Ă© et tu sais avec quelles donnĂ©es ils sont crĂ©Ă©s et donc tu peux toi rajouter tes propres donnĂ©es ou enlever des donnĂ©es pour pouvoir le changer un tout petit peu, on appelle ça aussi du fine tuning, d’accord donc on raffine en quelque sorte le modèle mais tu pars de quelque chose d’existant c’est, Assez coĂ»teux, parce que quand ça coĂ»te des millions de dollars, c’est quand mĂŞme assez coĂ»teux, mais c’est beaucoup moins coĂ»teux que de partir de zĂ©ro. LĂ , comme c’est un modèle qui n’est pas open source a priori, le distilling, c’est qu’on prendrait les rĂ©ponses dĂ©jĂ  toutes faites et on ferait rĂ©pondre le système Ă  plein de questions et on rĂ©cupĂ©rerait les rĂ©ponses pour crĂ©er le modèle. C’est-Ă -dire que tu le crĂ©es Ă  partir tu l’utilises, tu le fais tourner et tu fais tourner et tu suces les donnĂ©es pendant que tu fais tourner c’est du pompage.

Guest:
[25:04] Tu le fais marcher et tu le rĂ©enregistres c’est un enregistrement si tu veux en quelque sorte presque, mais tu crĂ©es le modèle pendant que tu enregistres mais est-ce que c’est illĂ©gal ça ? Oui ça pue c’est exactement ce qui s’est passĂ© dans les premières versions de ces IA gĂ©nĂ©ratives, les premières versions des IA gĂ©nĂ©ratives, pomper Internet. Donc, si tu veux, c’Ă©tait un peu la mĂŞme idĂ©e, sauf que lĂ , il fallait quand mĂŞme crĂ©er le modèle. LĂ , maintenant qu’on connaĂ®t, on sait comment on crĂ©e des modèles, c’est beaucoup plus facile, en fait, Ă  pomper. C’est-Ă -dire que quand tu regardes les open source, les open source t’expliquent comment tout ça est utilisĂ©. Donc, c’est relativement facile entre aller chercher les donnĂ©es quelque part, les pomper, et puis après savoir comment tu fais, tu fais ce modèle. Et donc le chiffre de 6,5 millions ? A du sens. Si tu veux, dans ces cas-lĂ , si c’est du pompage pur, si ça a du sens, ça serait possible.

Guest:
[26:01] Les gens de mĂ©ta, donc ça, c’est les gens d’OpenEye qui disent ça aujourd’hui. La vĂ©ritĂ©, c’est qu’on en sait quand mĂŞme Ă  peu près rien. Donc, il faut un peu attendre quelques jours, au moins, pour avoir ces rĂ©ponses, parce que les gens de mĂ©ta disent la mĂŞme chose. Et eux, ça serait un peu plus sensĂ©, en fait, parce que mĂ©ta est vraiment, enfin, c’est de l’open source Ă  la Ă  la Zuckerberg, c’est vrai que c’est pas du vrai open source, mais c’est quand mĂŞme un peu plus open source, et donc ça serait beaucoup plus facile de couper les trucs de mĂ©ta, d’accord ? Ça serait pas la peine de faire cette espèce d’enregistrement, tu vois, un peu comme on faisait c’est comme si tu faisais, que tu prenais avec un camĂ©scope dans un cinĂ©ma le film, tu vois, comme il y avait beaucoup Ă  un moment donnĂ© des DVD qui Ă©taient piratĂ©s comme ça, tu vois, bon c’Ă©tait dĂ©gueulasse mais c’est comme ça, donc ça, ça serait le truc qu’ils auraient fait avec OpenAI le truc qu’ils auraient fait avec mĂ©ta, ça serait beaucoup plus joli, ça serait de cassette Ă  cassette, tu vois, et tu copies et c’est joli. Donc ça serait plus sensĂ©, mais bon, en gros, lĂ , les gens commencent Ă  dire quand mĂŞme que en gros, c’est pompĂ©, quoi. Parce que ce qu’on disait d’une manière assez, unanime dans les derniers mois, c’est que les Chinois avaient Ă  peu près un an, deux ans de retard sur les IA gĂ©nĂ©ratives amĂ©ricaines, d’accord, de la cĂ´te ouest, donc lĂ  ça serait quand mĂŞme un gap tu vois qui est franchi vachement rapidement ils.

Monde Numérique :
[27:29] Rattrapent leur retard avec cette manip.

Guest:
[27:30] Oui ils rattraperaient leur retard mais le truc qui est intĂ©ressant surtout avec avec DeepSeek c’est que ça serait entraĂ®nĂ© sur des puces qui seraient d’une gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente et mĂŞme peut-ĂŞtre pas des GPU, Alors ça veut dire quoi ? C’est pour ça que NVIDIA, le jour mĂŞme, le lendemain, a perdu 17% de sa valeur en bourse. 17%, un milliard, c’est quand mĂŞme pas mal. Plusieurs milliards d’ailleurs, pas un milliard, mais plusieurs milliards de dollars. Donc, il y a dĂ©finitivement quelque chose qui est bizarre.

Monde Numérique :
[28:05] Luc, est-ce que tu penses que c’est quand mĂŞme de nature Ă  rebattre l’Ă©cart en matière d’IA ?

Guest:
[28:09] Pour moi, la bonne nouvelle, c’est que si vraiment il y a quelque chose qui a Ă©tĂ© fait, qui utilisent moins de ressources, d’accord ? Donc, pas forcĂ©ment des GPU de dernière gĂ©nĂ©ration, mais qu’on utilise des CPU et des choses donc moins fortes. Ben, ça va dans le sens oĂą je crois que ça devrait aller, dans le sens de la frugalitĂ©. Et donc, en mĂŞme temps, ça met un grand coup dans la gueule Ă  Stargate.

Monde Numérique :
[28:29] Oui.

Guest:
[28:29] D’accord ? Parce que c’est exactement le truc contraire. Et donc, ça, bon, ça, ça me fait plaisir. Je pense que c’est possible qu’on utilise des trucs plus frugaux. Je pense que c’est vraiment possible. Donc, ça, ça a dĂ©finitivement une opportunitĂ© de rebattre les cartes parce que ça va permettre aux gens de rĂ©aliser que ce n’est pas la peine de faire un Stargate, que ce n’est pas la peine de continuer dans cette course. Je ne sais pas si tu m’as entendu parler des IA gĂ©nĂ©ratives dans la dernière annĂ©e, mais moi, je suis persuadĂ© que les IA gĂ©nĂ©ratives telles qu’elles sont aujourd’hui sont mortes. C’est terminĂ©. On les a exploitĂ©es au maximum. On a fait des modèles avec beaucoup, beaucoup de donnĂ©es et on s’est aperçu que finalement, quand c’est des modèles qui sont trop gĂ©nĂ©riques, il y avait quand mĂŞme beaucoup d’erreurs, il y avait des hallucinations, il y avait tout ça, donc c’est des modèles qui ne sont pas vraiment, c’est rigolo, mais ce n’est pas vraiment exploitable, en gĂ©nĂ©rique, en gĂ©nĂ©ral. Par contre, on a trouvĂ© des solutions, on a trouvĂ© des use cases pour les exploiter dans des domaines particuliers et c’est ce qu’on a vu après avoir fait plein de POC, plein de proof of concept partout dans tous les sens, on a trouvĂ© des cas d’usage mais en fait on s’est aperçu que ce n’Ă©tait pas la peine d’avoir le gros machin et qu’on pouvait faire soit du fine tuning dont on parlait tout Ă  l’heure, soit ce qui s’appelle du RAG, qui sont en fait des diminutions de ces modèles et qui sont maintenant utilisables dans ces domaines particuliers.

Guest:
[29:47] Et ça, pour moi, c’est ça l’avenir. Et quand on parle d’IA agentique, par exemple, qui est censĂ©e ĂŞtre la prochaine gĂ©nĂ©ration de ces IA gĂ©nĂ©ratives, l’IA agentique, ce n’est pas autre chose que des, agents qui vont ĂŞtre spĂ©cialisĂ©s dans des domaines particuliers et qui vont collaborer, mais qui vont ĂŞtre spĂ©cialisĂ©s. Et donc, du coup, c’est pour moi exactement la marche normale de ces IA, elles vont devenir plus spĂ©cialisĂ©es, plus frugales, et plus intĂ©ressantes aussi, et plus Ă©thiques Ă  ĂŞtre utilisĂ©es.

Monde Numérique :
[30:22] Merci Luc, Julia, et je te dis au mois prochain.

Guest:
[30:26] Avec plaisir, on trouvera certainement quelque chose d’autre.

Monde Numérique :
[30:35] Peut-on rĂ©inventer le web ? En tout cas, proposer une solution alternative complĂ©mentaire pour diffuser de l’information sur Internet. Eh bien, c’est le pari audacieux et ambitieux d’une start-up française qui a mis au point une innovation technologique assez surprenante. Bonjour Alexis Tamas.

Guest:
[30:55] Bonjour JĂ©rĂ´me.

Monde Numérique :
[30:56] Vous ĂŞtes prĂ©sident et cofondateur de F2R2, une sociĂ©tĂ© qui a mis au point Frogans, une technologie ambitieuse, je le disais, de publication de contenu en ligne que l’on va examiner en dĂ©tail. Je prĂ©cise que cette interview est rĂ©alisĂ©e en partenariat avec Frogans. Alors Alexis Tamas, comment dĂ©finissez-vous Frogans ?

Guest:
[31:18] Alors Frogans, en fait, c’est une nouvelle technologie pour publier des contenus et des services sur Internet, avec comme ambition de fabriquer un nouvel espace de communication avec des nouveaux types de sites, mais tout en Ă©tant un espace aussi ouvert que celui qui existe dĂ©jĂ , qui s’appelle le web, Ă©videmment, qu’on connaĂ®t bien et qui permet de faire des sites web. Donc, c’est un nouveau web, on pourrait dire, c’est-Ă -dire un nouvel espace pour publier des sites.

Monde Numérique :
[31:41] Alors, pour qu’on comprenne bien, c’est vraiment des sites qui ne ressemblent pas Ă  des sites, c’est-Ă -dire qu’on sort de la fenĂŞtre classique, rectangulaire, du navigateur et on se retrouve avec des Ă©lĂ©ments qui sont beaucoup plus graphiques.

Guest:
[31:55] Absolument. On a voulu, justement, en inventant ce nouvel espace de communication, lui donner des propriĂ©tĂ©s diffĂ©rentes de celles qu’on connaĂ®t avec le web. Donc, le web, ces grandes fenĂŞtres rectangulaires que vous indiquez, dans lesquelles on peut naviguer et qui sont extrĂŞmement riches, et qui est le seul système aujourd’hui pour faire de la publication de contenus complètement ouvertes au niveau mondial. Et avec Frogance, on a dĂ©cidĂ© de trouver une autre ergonomie, de trouver quelque chose qui permette aux utilisateurs d’avoir une intuition plus forte quand ils naviguent, d’avoir des petits objets sur l’Ă©cran, un petit peu comme on pouvait voir des widgets il y a quelques annĂ©es.

Monde Numérique :
[32:29] Oui, tout Ă  fait.

Guest:
[32:30] Mais qui ne sont donc pas des widgets, ce ne sont pas des logiciels, ce sont vraiment des sites dans lesquels on peut naviguer et qu’on retrouve ensuite sur n’importe quel terminal connectĂ© Ă  Internet. Et donc lĂ , par rapport Ă  un widget, on va se retrouver avec une technologie de publication de pages. Alors, on appelle dans Frogance, on appelle ça des slides. Frogance, ce sont l’Ă©quivalent des pages. et qui ont des formes un peu comme on souhaite, comme l’auteur le souhaite, avec comme principe clĂ© que la technologie n’apparaisse plus Ă  l’Ĺ“il de l’utilisateur, mais que seul le contenu soit visible Ă  l’Ă©cran. Donc, c’est pour ça qu’on peut se retrouver avec des sites Frogans qui ont des formes.

Monde Numérique :
[33:01] Un peu bizarroĂŻde.

Guest:
[33:03] Un peu bizarroĂŻde et dans tous les sens.

Monde Numérique :
[33:04] Donc quoi, par exemple, un site d’information ? On peut avoir un site d’information.

Guest:
[33:08] C’est vraiment une application très Ă©lĂ©mentaire qu’on peut avoir sur diffĂ©rents types de sujets. On peut aussi interagir avec un site Frogance, c’est-Ă -dire rentrer des informations pour obtenir des rĂ©ponses. Donc, d’une certaine manière, on peut converser avec un site Frogance et on va pouvoir retrouver n’importe quelle information qui existe en numĂ©rique quelque part. Donc, il y a un effet aussi de capitalisation sur les contenus qui existent dĂ©jĂ . Mais c’est bien un système de publication, c’est-Ă -dire qu’il y a des Ă©diteurs de contenu dans notre système comme il y a des Ă©diteurs de sites web. C’est donc des propositions de contenu faites par des Ă©diteurs de contenus.

Monde Numérique :
[33:39] Le but du jeu, c’est quoi ? C’est de concurrencer le web ou c’est d’apporter quelque chose de plus ?

Guest:
[33:43] Alors, c’est une très bonne question. L’idĂ©e n’Ă©tait pas du tout de concurrencer le web ou d’essayer de le remplacer. Nous, on est des fans du web et on le trouve extraordinaire. C’est un outil formidable. C’est ce qui, d’ailleurs, a permis l’essor d’Internet. Ça a donnĂ© une fonctionnalitĂ© Ă  Internet en tant que, j’entends, l’Internet rĂ©seau de transport de donnĂ©es. Mais donc, le web en tant qu’application qui permet de publier des sites web Ă  donner un essor Ă©norme Ă  l’Internet. Mais en revanche, c’est le seul système vraiment ouvert. Donc, en fait, on s’est dit, c’est quand mĂŞme bizarre que dans une technologie, on soit tous sur la mĂŞme. Il y a quelque chose qui est…

Monde Numérique :
[34:14] Elle veut dire qu’elle marche pas mal.

Guest:
[34:15] Elle marche bien, mais en mĂŞme temps, elle a dans son ADN des choses qui sont un peu anciennes. Par exemple, on souffre tous Ă©normĂ©ment du respect de la vie privĂ©e. On a beaucoup de cookies qui nous sont sans arrĂŞt, sur lesquels sans arrĂŞt, il faut valider, dĂ©valider, invalider, etc., l’acceptation.

Monde Numérique :
[34:32] Mais en quoi c’est diffĂ©rent sur Frogan’s ?

Guest:
[34:33] Sur Frogan’s, en fait, on est parti avec un peu d’Ă©cart par rapport au web. On a eu la chance de voir le web naĂ®tre et se dĂ©velopper. Et on a pu voir, justement, un certain nombre de problĂ©matiques sur la sĂ©curitĂ©, sur le respect de la vie privĂ©e et dans lesquelles on a apportĂ©, puisqu’on est reparti avec un ensemble de technologies nouvelles, on a pu intĂ©grer dans l’ADN de la technologie Frogans, justement, des rĂ©ponses un peu innovantes Ă  ces questions-lĂ .

Monde Numérique :
[34:58] D’accord, on peut dire qu’il y a de la, comment dire, privacy, enfin, du respect de la vie privĂ©e by design ?

Guest:
[35:04] Exactement. Par exemple, ce qu’il faut, c’est arriver Ă  donner Ă  l’utilisateur le choix entre un site et un autre. Et c’est très difficile sur le web. Dans Frogans, on a rĂ©solu le problème très simplement en disant, Ă  partir du moment, et on va prĂ©venir l’utilisateur final, on va lui apprendre Ă  faire une seule chose, Mettre un site Frogans dans ses favoris, c’est accepter d’ĂŞtre reconnu Ă  la prochaine visite. En revanche, si je ne mets pas un site Frogans dans les favoris, je ne serais pas reconnu Ă  ma prochaine visite.

Monde Numérique :
[35:31] Alors, on va aller un peu plus en dĂ©tail, Alexis Tamas, sur le fonctionnement. Il faut faire un peu de pĂ©dagogie parce qu’on l’a Ă©voquĂ©. C’est un nouveau protocole. Ça veut dire que… Et c’est lĂ  oĂą c’est très ambitieux. Vous vous positionnez, en fait, sur le mĂŞme niveau que le web. Parce que ce que les gens ne savent pas, Beaucoup de gens mĂ©langent Internet, le web, tout ça, c’est pareil, c’est la mĂŞme bouillie. Et non, d’un point de vue technologique, Internet, c’est la couche de base, c’est le rĂ©seau qui avait Ă©tĂ© inventĂ© par Vinton Cerf, Bob Kahn, etc. dans les annĂ©es 70 aux Etats-Unis. Et le World Wide Web, c’est autre chose. On a mis par-dessus cette couche qui permet de crĂ©er des sites web inventĂ©s par Tim Berners-Lee dix ans plus tard. Et vous, vous arrivez 50 ans après en disant « Coucou, nous, on veut bien rajouter encore autre chose. » Il y a aussi d’autres trucs, c’est ça. Il y a le FTP, il y a le mail qui sont aussi des protocoles. Et vous, vous dites, coucou, on arrive, on va rajouter une couche, quoi, en fait.

Guest:
[36:21] Ce qui est formidable avec le rĂ©seau Internet dont vous avez Ă©voquĂ© les fondateurs, c’est qu’effectivement, il a Ă©tĂ© conçu comme un système totalement ouvert. Des applications peuvent s’introduire et fonctionner et faire fonctionner des protocoles. Donc, effectivement, dans Frogan, en fait, on a pris conscience, un peu comme tout le monde, ceux qui regardent d’un peu près, comme vous, Et puis, voilĂ , les experts, on a pris conscience, effectivement, de ce niveau d’ouverture, que c’Ă©tait, il n’y a pas besoin de demander d’autorisation. Je pense que quand Skype a dĂ©barquĂ© avec la tĂ©lĂ©phonie sur Internet, il ne l’a demandĂ© Ă  personne, en fait. Et donc, c’est ça qui est assez extraordinaire avec ce rĂ©seau, c’est cette capacitĂ© d’accueillir des applications nouvelles qui viennent de nulle part, enfin, qui dĂ©barquent du jour au lendemain et qui, peut-ĂŞtre, deviennent des standards par la suite.

Monde Numérique :
[37:08] Ce qui est amusant, c’est que vous l’avez prĂ©sentĂ© Ă  Vinton Cerf, qui est, je l’ai dit, le papa d’Internet, l’un des papas d’Internet. Vous lui avez montrĂ©, Frogans, qu’est-ce qu’il a dit ?

Guest:
[37:18] Alors absolument, on a eu la chance, par un des administrateurs d’une des structures dont on parlera tout Ă  l’heure, donc au P3FT, on a eu la chance de rencontrer les fondateurs d’Internet. Donc il y avait lui, Vinton Cerf et aussi Steve Crocker. Et donc, on a Ă©tĂ© les voir Ă  Washington pour leur prĂ©senter Ă  plusieurs reprises, en fait, le projet. Alors, ce qui, eux, les a intĂ©ressĂ©s de la manière la plus importante, ça a Ă©tĂ© justement tout ce qu’on pouvait faire avec un système d’adressage nouveau. Donc, notamment le caractère dĂ©terministe des connexions, puisque, bon, eux ont inventĂ© le TCP. Donc, TCP, c’est le système de connexion. Et au-dessus, ensuite, le web est venu avec HTTP.

Monde Numérique :
[37:57] Si je suis dĂ©veloppeur, je suis sĂ©duit par ce que vous venez de me dire, j’ai envie de dĂ©velopper mon propre site. C’est possible aujourd’hui ? Vous en ĂŞtes oĂą ?

Guest:
[38:05] Alors, nous, on a dĂ©marrĂ© une pĂ©riode bĂŞta il y a quelques mois qui est en train de se terminer et qui nous a permis de mettre au point le rendu des slides Frogance avec le FSDL, par exemple, mais aussi toute l’infrastructure d’adressage, etc. Donc oui, il est tout Ă  fait possible de faire des sites Frogance en FSDL, version 4. Les entitĂ©s que nous avons crĂ©Ă©es autour du projet Frogan ne sont pas des entitĂ©s de formation particulièrement, ce sont plutĂ´t des organisations de standardisation. Les productions qui existent qui sont faites au sein du projet sont assez arides. Ce qu’on s’attend plutĂ´t Ă  voir, c’est une petite pĂ©riode dans laquelle des Ă©diteurs de sites qui font des cours, des tutoriels, des vidĂ©os de formation vont faire ces cours.

Monde Numérique :
[38:52] Alexis Tamas, ce qu’on n’a pas dit c’est donc un petit peu qui vous ĂŞtes vous ĂŞtes une Ă©quipe une trentaine d’ingĂ©nieurs, Oui, on est.

Guest:
[39:00] Une Ă©quipe de 25 personnes actuellement, un petit peu plus. Il y a beaucoup d’ingĂ©nieurs, de dĂ©veloppeurs, bien entendu. Mais comme c’est un projet qui est au-delĂ  un peu de la simple informatique, il y a beaucoup de choses Ă  faire. Par exemple, quand on diffuse des standards ouverts, ce n’est pas juste un mot, le standard ouvert, il faut qu’il y ait une organisation de standardisation derrière, sinon c’est juste du vent. Donc, il y a des juristes dans l’histoire. Il y a beaucoup de mĂ©tiers pour arriver Ă  mettre en place un projet Ă  ce niveau-lĂ . Ă  ce niveau international.

Monde Numérique :
[39:30] Mais alors, oui, voilĂ , et c’est ça. Il faut prĂ©ciser que ça fait, ça ne date pas d’hier, Frogan, vous ne l’avez pas inventĂ© avant-hier, ça fait des annĂ©es que vous travaillez lĂ -dessus, ça fait quoi ? Plus de 20 ans ?

Guest:
[39:40] Oui, absolument. Bon, disons que le projet, dans sa vision initiale, c’est le mĂŞme, on peut dire, oui. On veut un outil de publication, un standard de publication. Cette idĂ©e du standard ouvert est dĂ©jĂ  prĂ©sente, mais Ă©videmment, si on remonte 20 ans en arrière, il n’y a pas de mobile.

Monde Numérique :
[39:56] On est encore un peu tous sur Windows. La situation n’Ă©tait pas la mĂŞme. Il n’y avait pas de casque de rĂ©alitĂ© virtuelle.

Guest:
[40:01] Non, rien du tout. Et donc, en fait, il y a eu 20 ans absolument incroyables en termes d’innovation. Enfin, vous ĂŞtes bien placĂ© pour le savoir. Et donc, c’est dans cette pĂ©riode-lĂ , en fait, que le projet, petit Ă  petit, s’est construit. D’accord. Et aujourd’hui, il a pris un… Alors, il y a une dizaine d’annĂ©es, effectivement, on a crĂ©Ă© l’organisation de standardisation qui hĂ©berge la technologie. D’accord. Et qui garantit qu’elle restera perpĂ©tuellement accessible Ă  tous.

Monde Numérique :
[40:26] Donc, il y a l’entreprise commerciale et puis il y a l’organisation de standardisation qui s’appelle OP3FT.

Guest:
[40:35] Qui s’appelle OP3FT, l’organisation pour la promotion, le progrès et la protection de la technologie Frogan. D’accord. Et qui est donc basĂ©e en France. Elle est Ă©tablie sous la forme d’un fonds de dotation. Donc, ça veut dire que la technologie Frogan est dans la dotation de l’OP3FT. Et ce qui permet de garantir qu’elle ne sera jamais, elle ne reviendra jamais dans les mains d’un industriel.

Monde Numérique :
[40:58] Elle ne peut pas ĂŞtre rachetĂ©e. Elle ne peut pas ĂŞtre rachetĂ©e. Si demain, Google, Meta veut s’en emparer, ce n’est pas possible.

Guest:
[41:04] Non, il y a eu un apport. On a Ă  un moment donnĂ© apportĂ© la technologie Frogance Ă  cette organisation de standardisation, justement pour la pĂ©rinise. C’Ă©tait un acte irrĂ©versible des gens qui ont crĂ©Ă© le projet et des actionnaires de la sociĂ©tĂ© d’alors, qui Ă©tait la start-up initiale. Et donc, dans ce cadre-lĂ , effectivement, cet OP3FT est devenu, en fait, le pilote du projet dans la durĂ©e, avec des statuts très prĂ©cis sur la gouvernance, sur l’utilisation des standards ouverts, etc. Et qui permet, et qui aujourd’hui, a une antenne locale en Chine, donc Ă  PĂ©kin, et une antenne en crĂ©ation, lĂ , Ă  Washington, aux États-Unis.

Monde Numérique :
[41:43] Très bien, merci beaucoup Alexis Tamas, cofondateur et dirigeant de la société F2R2, vous savez tout maintenant sur le projet Frogans. Et retrouvez cette interview en intégralité la semaine prochaine sur le fil du podcast Monde Numérique, ainsi que la version vidéo prochainement sur la chaîne YouTube de Monde Numérique. Bonjour Julien Villeret.

Guest:
[42:24] Bonjour JĂ©rĂ´me.

Monde Numérique :
[42:26] Bien rentré de Las Vegas.

Guest:
[42:27] Et oui, avec un petit virus comme tout le monde, mais pas mal.

Monde Numérique :
[42:30] Évidemment. Directeur de l’innovation d’EDF, on se retrouve comme chaque mois

Monde Numérique :
[42:35] en partenariat sur Monde Numérique. Et pour parler, Julien, cette fois-ci de biodiversité. Alors, ça interpelle comme thème parce que quel est le rapport entre la biodiversité et, on va dire, la vie des entreprises, notamment une entreprise comme EDF ?

Guest:
[42:52] Oui, et puis la technologie aussi, parce qu’Ă©videmment, l’idĂ©e, c’est de parler aussi de technologie ensemble. Mais pour commencer juste, la biodiversitĂ©, c’est quoi ? C’est finalement peut-ĂŞtre l’enjeu avec le climat le plus crucial pour la planète. Ça regroupe pas mal de dimensions. La surexploitation des espèces animales et vĂ©gĂ©tales. On sait très bien qu’on utilise pour nos besoins pas mal d’espèces animales et vĂ©gĂ©tales. Il y a de l’extinction, de nombreuses espèces. On l’a connue avec l’exploitation du cuir, par exemple. C’est pour donner juste un exemple. Le changement climatique perturbe complètement les Ă©cosystèmes, la pollution atmosphĂ©rique, la pollution plastique dĂ©truit les habitats de beaucoup d’animaux. On sait qu’il y a des espèces exotiques aussi qui nous envahissent, on l’entend souvent dans les mĂ©dias, dans le sud de la France, dans les Ă®les. Il y a des menaces pour les espèces locales d’espèces qui n’Ă©taient pas habituellement prĂ©sentes sur ces territoires et qui viennent bouleverser ces Ă©quilibres Ă©cologiques. Bref, cette biodiversitĂ©, c’est-Ă -dire la diversitĂ© des espèces vĂ©gĂ©tales et animales, c’est un des trois risques majeurs qui menacent la planète pour la prochaine dĂ©cennie. Ça, ce n’est pas moi qui le dis. C’est le rapport qui s’appelle Global Risk Report de 2025 du World Economic Forum. C’est les gens qui organisent le forum de Davos. Pour eux, le problème de la perte de biodiversitĂ© et les fondements d’Ă©cosystèmes, c’est un des trois risques majeurs pour la planète. Donc, c’est vraiment quelque chose qui est alarmant et qui est alarmant pour les entreprises.

Guest:
[44:13] Si la tempĂ©rature mondiale juste pour donner quelques exemples continue d’augmenter on pense qu’il y a 4% des mammifères qui vont perdre la moitiĂ© de leur habitat avec 1 degrĂ© seulement d’augmentation 2 degrĂ©s et si vous suivez les diffĂ©rentes actualitĂ©s autour du climat mĂŞme 2 degrĂ©s de rĂ©chauffement c’est un minimum qu’on peut imaginer dans les prochaines dĂ©cennies c’est 8% et plus de 41% des habitats qui vont ĂŞtre dĂ©truits Ă  3 degrĂ©s les rĂ©cifs coralliens c’est 99% qui sont vouĂ©s Ă  disparaĂ®tre si le rĂ©chauffement atteint 2 degrĂ©s Donc, c’est Ă©videmment très inquiĂ©tant. Et en fait, pour les entreprises, il faut savoir que plus de 50% du PIB mondial, 50%, la moitiĂ© du PIB de la planète, dĂ©pend directement de la nature. C’est-Ă -dire que les services que nous fournissent la nature, les matĂ©riaux, tout ce qu’on fait finalement avec la nature, c’est 50% de la valeur Ă©conomique produite dans le monde. Donc Ă©videmment, si on dĂ©truit la biodiversitĂ© et les Ă©cosystèmes, ce n’est pas qu’un problème moral, bien que c’est aussi un problème Ă©conomique absolument majeur pour les entreprises.

Monde Numérique :
[45:16] Et alors, vous avez donc dĂ©cidĂ© d’investir dans une start-up qui agit spĂ©cifiquement sur ce secteur-lĂ . Exactement.

Guest:
[45:26] Nous, en fait, on a des engagements très forts qui nous sont opposables. On a pris des engagements vraiment très forts. Globalement, pour les rĂ©sumer, il y a quatre axes. L’idĂ©e, c’est Ă©videmment de rĂ©duire nos impacts et notre pression sur la biodiversitĂ©, prĂ©server les environnements oĂą on est, parce que quand on installe un barrage hydroĂ©lectrique, quand on installe une usine, etc. L’idĂ©e, c’est aussi de restaurer la nature. Ce n’est Ă©videmment pas de l’abĂ®mer. DĂ©velopper la connaissance sur ces sujets et puis transformer nos processus, nos façons de faire. Et c’est lĂ  oĂą l’innovation arrive et est très intĂ©ressante au service de la biodiversitĂ©. C’est qu’on peut faire plein de choses avec la technologie pour ĂŞtre beaucoup plus vertueux sur le sujet de la biodiversitĂ©. D’abord, on peut observer et collecter des donnĂ©es.

Guest:
[46:12] Il y a des imageries satellites, il y a de la surveillance de drones, il y a de la bio-acoustique, c’est-Ă -dire qu’on dĂ©tecte avec l’acoustique, donc avec les sons en fait, la prĂ©sence d’espèces menacĂ©es, on dĂ©tecte des migrations, etc. Et puis on peut mĂŞme aller plus loin, et effectivement on a fait un investissement avec notre fonds de capitaliste rĂ©cemment dans une sociĂ©tĂ© qui fait de l’ADN, environnemental, de l’IDNA, comme on dit en bon français, en anglais en l’occurrence. Alors c’est quoi ? C’est qu’en fait, il y a du matĂ©riel gĂ©nĂ©tique, des fragments d’ADN, l’ADN on sait bien que c’est la chaĂ®ne finalement qui code le vivant, et donc il y a des fragments d’ADN qui sont prĂ©sents dans des enchantillons environnementaux, dans l’eau, dans le sol, dans l’air ou les sĂ©diments. Pour le dire très simplement, un animal qui passe Ă  cĂ´tĂ© d’une rivière ou sur un peu d’herbe, il laisse des poils, il laisse des fragments d’ADN, de la salive, diffĂ©rentes sĂ©crĂ©tions, etc. Ça vient des cellules, des tissus corporels qui sont laissĂ©s, et en fait, cet ADN environnemental permet de dĂ©tecter la prĂ©sence d’espèces rares, menacĂ©es de façon totalement non-invasive et très efficace. Par exemple, avec ces technologies, on a trouvĂ© des hippopotames pygmĂ©es au LibĂ©ria ou des crocodiles du Siam au Cambodge. Donc ça, c’est Ă©videmment pour aller retrouver des espèces rares, menacĂ©es ou qu’on imaginait.

Guest:
[47:29] Disparus, en fait. Et ça, c’est vraiment très simple comme technologie. Enfin, la technologie est très complexe, mais l’usage est très simple. On va prendre un fragment d’ADN, et donc prendre un fragment d’ADN, finalement, c’est comme si vous les connaissez, ces tests pour les humains, oĂą on crache dans un tube Ă  essai et Ă  partir de la salive, on peut rĂ©cupĂ©rer des fragments d’ADN. LĂ , en fait, on va faire des prĂ©lèvements de brins d’herbe, d’un peu de terre, de l’eau, etc.

Monde Numérique :
[47:53] Ou comme sur une scène de crime.

Guest:
[47:56] Exactement comme sur une scène de crime. on va sĂ©quencer cet ADN c’est-Ă -dire qu’on va le mettre dans une machine robotisĂ©e Ă©videmment qui va le sĂ©quencer et derrière le comparer avec un catalogue, de toutes les espèces connues avec donc un catalogue d’ADN et ça permet deux choses, ça permet comme je l’ai dit pour les hippopotames pygmĂ©es par exemple de dire, eh bien lĂ  il y a telle espèce qui est prĂ©sente, telles espèces au pluriel qui sont prĂ©sentes mais aussi ça permet, si on veut faire des comparaisons, de se dire Ă  un an d’intervalle ou Ă  deux ans d’intervalle la biodiversitĂ© a augmentĂ© de temps ou a baissĂ© de temps et donc ça c’est Ă©videmment quelque chose qui est un game changer pour utiliser lĂ  aussi un terme français c’est qu’avant c’Ă©tait quoi ? C’Ă©tait de l’observation il fallait avoir des gens avec des jumelles qui comptaient avec un petit carnet et un stylo je caricature mais c’est pas loin de ça maintenant avec des fragments d’ADN on est capable de faire cette surveillance finalement de la biodiversitĂ© et donc d’agir aussi pour permettre de voir si ce que l’on fait a du sens et fonctionne et dĂ©veloppe la biodiversitĂ© mais aussi pour pouvoir avoir un Ă©tat, j’allais dire Ă  un instant T, très prĂ©cis de cette biodiversitĂ©.

Monde Numérique :
[49:01] VoilĂ , l’ADN et le big data Ă©galement, donc au service de la biodiversitĂ©. Merci beaucoup, Julien Villeret, directeur de l’innovation d’EDF.

Monde Numérique :
[49:20] C’est la fin de cet Ă©pisode de l’hebdo. Merci de l’avoir Ă©coutĂ© jusqu’au bout. Merci de suivre Monde NumĂ©rique au quotidien. Merci d’ĂŞtre abonnĂ© Ă  ce podcast. En tout cas, j’espère que vous ĂŞtes abonnĂ©. Si ce n’est pas le cas, cliquez tout de suite sur le petit bouton suivre afin de recevoir automatiquement tous les nouveaux Ă©pisodes dans votre application de podcast. Monde NumĂ©rique est Ă©galement disponible, vous le savez, sur le web Ă  l’adresse
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