📆 L’HEBDO 15/03 – IA : les Chinois rient, Apple pleure | Monde NumĂ©rique – Podcast

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  • mars 17, 2025
  • 50 min read
📆 L’HEBDO 15/03 – IA : les Chinois rient, Apple pleure | Monde NumĂ©rique – Podcast


Monde Numérique :
[0:10] Une nouvelle intelligence artificielle chinoise prĂ©sentĂ©e comme rĂ©volutionnaire. Voici Manus, la super IA d’IA. On en parle cette semaine dans Monde NumĂ©rique. Pendant ce temps-lĂ , Apple patine joyeusement dans la semoule avec Apple Intelligence et avec Siri 2.0 qui prend un retard phĂ©nomĂ©nal. La marque Ă  la pomme serait-elle complètement larguĂ©e ? Ce n’est pas tout. Dans l’actu, on va parler aussi de cette cyberattaque contre X qui a mis Ă  genoux le rĂ©seau d’Elon Musk. D’oĂą venait-elle exactement ? En France aussi, les cyberattaques se multiplient, en provenance notamment de Russie, selon l’Agence Nationale de SĂ©curitĂ© Informatique. Plus gai, en revanche, la carte vitale dĂ©matĂ©rialisĂ©e arrive enfin dans nos smartphones. Avec Bruno Guglielminetti, on va parler de Google qui veut aspirer toutes nos donnĂ©es personnelles pour alimenter son IA Gemini. Et puis l’innovation de la semaine, On reviendra sur cet Ă©tonnant ordinateur organique qui fonctionne Ă  base de neurones humains.

Monde Numérique :
[1:15] Dans la deuxième partie de cette Ă©mission, les interviews, entretien exceptionnel avec le cofondateur de l’une des startups françaises les plus en vue. Je reçois ClĂ©ment Delangue de Hugging Face, cette plateforme qui propose plus d’un million de modèles d’intelligence artificielle en libre accès. On va parler Ă©galement des innovations totalement incroyables prĂ©sentĂ©es rĂ©cemment au festival South by Southwest au Texas avec Julien Villeret d’EDF. Et enfin, on s’intĂ©ressera aux innovations technologiques dans le secteur agricole avec Patrice DuboĂ© de Capgemini. Bienvenue Ă  l’Ă©coute de Monde NumĂ©rique, l’hebdo du 15 mars 2025.

Jingle :
[1:52] Monde Numérique, Jérôme Colombain.

Monde Numérique :
[1:57] C’est parti pour un nouvel Ă©pisode de Monde NumĂ©rique, l’hebdo. L’hebdo, c’est chaque samedi, 50 minutes de news et d’interviews consacrĂ©es aux meilleurs de la tech. Rien de trop, juste ce qui est essentiel, ce qui est techniquement remarquable aussi et qui mĂ©rite qu’on s’y intĂ©resse. Tiens, c’est le cas notamment de Frogans. Frogans, c’est une technologie française innovante de diffusion de contenu sur Internet. Imaginez des mini-sites très graphiques qui fonctionnent partout, sur ordinateur, smartphone, tablette ou mĂŞme dans des casques de rĂ©alitĂ© virtuelle, sans passer par un navigateur classique. Froganz est partenaire de cette Ă©mission. Et pour assurer aujourd’hui le dĂ©veloppement de Froganz, la sociĂ©tĂ© F2R2, qui est au cĹ“ur de cette innovation, lance une offre de titres ouverte au public. Ça veut dire que si vous voulez investir et soutenir un projet français unique en son genre, vous pouvez acquĂ©rir des actions F2R2. C’est une opĂ©ration dĂ©posĂ©e Ă  l’AMF. Pour souscrire, c’est simple. Il suffit d’aller sur le site f2r2.fr. Et pour en savoir plus, retrouvez l’interview du fondateur de Frogans, Alexis Tamas, en audio sur le fil du podcast Monde NumĂ©rique ou en vidĂ©o sur la chaĂ®ne YouTube ou encore sur le site mondenumĂ©rique.info.

Monde Numérique :
[3:13] Alors quoi de neuf dans l’actu cette semaine ? Eh bien tout d’abord cette fameuse nouvelle IA chinoise qui pourrait bien bousculer les choses. Vous avez aimĂ© DeepSync il y a quelques semaines ? Eh bien prĂ©parez-vous maintenant Ă  accueillir Manus, M-A-N-U-S. Cette IA donc lancĂ©e la semaine dernière par une start-up chinoise qui s’appelle Butterfly Effect et qui a dĂ©jĂ  fait couler beaucoup d’encre, car la promesse Ă©noncĂ©e par son crĂ©ateur dans une vidĂ©o est assez sĂ©duisante.

Monde Numérique :
[3:42] Manus, en fait, est une sorte d’IA, d’IA, une sorte d’agent qui s’appuie sur d’autres modèles d’intelligence artificielle pour effectuer toutes sortes de choses. Manus serait capable, par exemple, d’analyser des CV en masse et de prendre des dĂ©cisions d’embauche, de crĂ©er des itinĂ©raires de voyage personnalisĂ©s et ensuite de rĂ©server des billets, des billets de train, des billets d’avion, etc. De dĂ©velopper entièrement des sites web, y compris Ă  partir de sites existants, faire des copies, on imagine, le meilleur comme le pire, ou encore de gĂ©rer des tâches complexes liĂ©es par exemple Ă  l’immobilier ou la finance. Par exemple, une recherche immobilière Ă  New York en analysant les statistiques criminelles pour trouver les meilleurs quartiers, les plus sĂ»rs, et proposer ensuite une sĂ©lection de logements adaptĂ©s.

Monde Numérique :
[4:29] C’est l’une des dĂ©monstrations qui a Ă©tĂ© faite par la start-up Butterfly Effect. VoilĂ  une IA donc qui est capable de rĂ©aliser des tâches cognitives Ă  la manière d’un ĂŞtre humain en dĂ©composant une demande en sous-tâches pour ensuite enchaĂ®ner leur exĂ©cution et selon ses crĂ©ateurs ce serait je l’ai dit un vĂ©ritable agent intelligent carrĂ©ment le premier agent IA entièrement autonome capable de penser, planifier, exĂ©cuter des tâches sans supervision humaine. alors Il faut bien dire que tout ça, c’est essentiellement ce qui est prĂ©sentĂ© dans une vidĂ©o, mais Manos n’est pas accessible Ă  tous. C’est disponible uniquement en version bĂŞta. Il faut s’inscrire. Alors, il y a pas mal de gens qui l’ont fait, puisque ça a mĂŞme donnĂ© lieu Ă  du marchĂ© noir d’invitations en Chine. Il obtiendrait ce modèle de très bon score par rapport aux autres modèles actuels, notamment sur le classement Gaia, qui est un outil qui compare la puissance des modèles d’intelligence artificielle entre eux. La particularitĂ© de ce Manus, c’est qu’il s’appuie donc sur d’autres modèles et en l’occurrence apparemment sur Claude, Claude 3.7 très prĂ©cisĂ©ment de la sociĂ©tĂ© Anthropique ou encore sur des versions de Kuen qui est l’IA d’Alibaba, autre entreprise chinoise. En gros, il utilise la force de ces modèles tiers, ce qui limiterait donc sa propre consommation en puissance de calcul, c’est assez astucieux. Mais, je l’ai dit, pour l’instant, tout ça, ce sont encore des promesses. Il faut sans doute se mĂ©fier un peu.

Monde Numérique :
[5:56] Malgré un véritable emballement médiatique, il faut peut-être un peu tempérer les choses.

Monde Numérique :
[6:02] Certains sont allĂ©s le tester et affirment que la rĂ©alitĂ© est un peu diffĂ©rente de la promesse. Ils travailleraient notamment beaucoup moins vite, pas aussi bien que ce qu’on voit dans la vidĂ©o. Et comme je l’ai dit, pour l’instant, Manos n’est pas accessible Ă  tous. En tout cas, c’est un outil qui serait prioritairement destinĂ© aux entreprises et pas vraiment au grand public. Mais le fait que cela vienne de Chine, après le phĂ©nomène dipsych, Ă©videmment explique sans doute cet emballement mĂ©diatique.

Monde Numérique :
[6:31] Pendant ce temps-lĂ , de l’autre cĂ´tĂ© de l’Atlantique, ou du Pacifique plus exactement, ça dĂ©pend par oĂą on passe, du cĂ´tĂ© de chez Apple, c’est pas la joie. Ça ne rigole pas du tout en ce qui concerne l’intelligence artificielle, avec des annonces qui se succèdent et qui ne sont pas Ă  l’honneur de la marque Ă  la pomme. On sait que le système Apple Intelligence d’Apple, dĂ©voilĂ© en juin dernier, est en train d’arriver tout doucement sur les diffĂ©rents appareils. Et la nouvelle de la semaine, c’est qu’en plus, la nouvelle version de Siri, l’assistant intelligent, donc Siri 2.0, serait reportĂ©e Ă  2026 pour des questions techniques qui sont assez obscures. Alors, d’ailleurs, si vous en savez plus, je vous en parle de manière dĂ©taillĂ©e dans un Ă©dito en date du 14 mars. Et puis, on va y revenir tout Ă  l’heure dans le dĂ©brief transatlantique avec Bruno Guillel-Minetti. Bon, Ă  propos d’Apple, en revanche, lĂ  oĂą ils sont très, très bons, bien sĂ»r, c’est sur d’autres innovations. Et par exemple, ils seraient en train de travailler sur une fonction super intĂ©ressante Ă  venir sur les AirPods, les Ă©couteurs de la marque Ă  la pomme, qui permettraient de traduire des conversations en temps rĂ©el. Imaginez, vous discutez avec quelqu’un, vous avez l’oreillette et tout simplement, mĂŞme s’il parle chinois, vous le comprenez en français. Ça existe un peu dĂ©jĂ , ce genre de choses. Ça reste encore assez expĂ©rimental.

Monde Numérique :
[7:47] Ça ne marche pas forcĂ©ment très, très bien. Google avait sorti quelque chose dans ce goĂ»t-lĂ . Bon, on verra si Apple arrive Ă  faire mieux avec la version iOS 19. Ce n’est pas pour tout de suite. Et puis, autre chose lĂ  oĂą Apple, en revanche, reste très très bon, c’est en matière de design et d’interface utilisateur. Et on a appris que la marque prĂ©parerait une refonte majeure et en profondeur de son interface iOS, c’est-Ă -dire de l’interface de l’iPhone. L’iPhone devrait avoir prochainement un nouveau look, plus moderne, plus Ă©purĂ©, tout en conservant les repères graphiques auxquels on est habituĂ©. Des animations repensĂ©es, une interface plus fluide, etc. Ce serait, selon les fuites, l’une des plus importantes mises Ă  jour visuelles depuis iOS 7. Et ça arriverait avec iOS 18, qui devraient ĂŞtre prĂ©sentĂ©s en juin prochain lors de la WWDC 2025.

Monde Numérique :
[8:39] Le rĂ©seau social X est victime d’une cyberattaque massive en dĂ©but de semaine. X a pas mal dĂ©raillĂ© lundi, lundi 10 mars, aussi bien l’application mobile que la version web. Pendant un certain temps, les messages ne se chargeaient plus. Il y avait des perturbations qui ont mĂŞme durĂ© un peu jusqu’au lendemain. Il s’agissait apparemment d’une attaque par dĂ©ni de service, c’est-Ă -dire par saturation des serveurs, via un botnet, un rĂ©seau de robots logiciels qui utilisait des camĂ©ras vidĂ©o connectĂ©es Ă  Internet, mal sĂ©curisĂ©es. C’est dĂ©jĂ  arrivĂ© avec ce type d’appareil. Les camĂ©ras ont des adresses IP, donc elles sont infectĂ©es par un malware et ça sert de point de dĂ©part pour effectuer des milliers de requĂŞtes. Elon Musk, le patron de Hicks, a immĂ©diatement montrĂ© du doigt l’Ukraine. C’est vrai que dans le contexte gĂ©opolitique actuel, ça pourrait sembler ressemblable, sauf qu’apparemment ce ne serait pas l’Ukraine, ou en tout cas, c’est un autre groupe qui a revendiquĂ© cette attaque, un groupe de hackers connu sous le nom Darkstorm Team et qui n’aurait rien Ă  voir avec l’Ukraine ou en tout cas qui serait plutĂ´t connu pour des actions pro-palestiniennes, ce qui les a dĂ©jĂ  conduits Ă  cibler des pays soutenant IsraĂ«l. Ce serait le vĂ©ritable motif de l’attaque si ce sont bien ces gens-lĂ . En tout cas, selon le mĂ©dia amĂ©ricain spĂ©cialisĂ© Wild, ce qui est avĂ©rĂ©, c’est que les serveurs de X qui sont tombĂ©s, apparemment Ă©taient très mal protĂ©gĂ©s, ce qui fait un peu dĂ©sordre quand mĂŞme pour une firme de tech comme X.

Monde Numérique :
[10:04] Bon, mĂŞme s’il faut rappeler qu’une attaque par dĂ©ni de service, ce n’est pas rĂ©ellement destructeur, ça n’occasionne pas de fuite de donnĂ©es, mais seulement des perturbations, des interruptions de service, c’est-Ă -dire que les gens ne peuvent plus se connecter.

Monde Numérique :
[10:15] Donc évidemment, la clé des manques à gagner pour les sites web ou les applis qui sont concernés.

Monde Numérique :
[10:22] En France aussi, on parle de cyberattaques et de cybersĂ©curitĂ© avec un chiffre 4386 incidents de cybersĂ©curitĂ© en France en 2024. C’est le bilan de l’ANSI, l’agence française de cybersĂ©curitĂ©, qui a publiĂ© rĂ©cemment son bilan annuel. Et encore, ça ne concerne que les entreprises, les organismes dont s’occupe l’ANSI, parce qu’au total, il y a beaucoup plus d’attaques que ça, y compris contre les particuliers. En tout cas, l’Annecy tire la sonnette d’alarme face Ă  cette explosion des menaces, une hausse de 15% par rapport Ă  2023.

Monde Numérique :
[10:56] Ce sont notamment les attaques par rançongiciel qui continuent de faire des ravages, touchant particulièrement les petites entreprises. Les PME reprĂ©sentent 34% des victimes, car ce sont souvent les moins bien prĂ©parĂ©s, les moins bien protĂ©gĂ©s. Autre cible, les Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur, qui ont vu Ă©galement une nette augmentation des attaques Ă  leur encontre. Mais une bonne nouvelle tout de mĂŞme, des cibles « habituelles » comme les collectivitĂ©s territoriales et les Ă©tablissements de santĂ© ont enregistrĂ© Ă  l’inverse une baisse notable du nombre de cyberattaques, sans doute grâce aux efforts dĂ©ployĂ©s pour renforcer la cybersĂ©curitĂ© comme quoi on peut se protĂ©ger. Cela dit, toujours selon l’agence, la France reste une cible privilĂ©giĂ©e, notamment pour les campagnes d’espionnage et de dĂ©stabilisation. Et maintenant, on ne vous fera pas un dessin de blocs Ă©tatiques qui ne sont autres que la Chine et la Russie. Des attaques qualifiĂ©es de totalement dĂ©sinhibĂ©es d’ailleurs par l’ANSI, comme par exemple ces hackers russes qui auraient ciblĂ© des stations d’Ă©puration de la Seine Ă  Paris pour perturber les Ă©preuves de natation lors des JO. On se souvient de ces difficultĂ©s-lĂ , mais on ne savait pas que c’Ă©tait Ă  l’origine des hackers. Un autre groupe aurait tentĂ© de s’en prendre aux infrastructures Ă©nergĂ©tiques de la France. Mais finalement, il devait ĂŞtre un peu dĂ©bile parce qu’ils se sont complètement trompĂ©s de cible, visiblement. Et puis, Ă  noter aussi dans ce palmarès, c’est bien des satellites français qui ont fait l’objet de plusieurs cyberattaques en 2024.

Monde Numérique :
[12:25] Et on termine ce coup d’Ĺ“il sur l’actu tech de la semaine avec une news un peu

Monde Numérique :
[12:28] plus lĂ©gère et une bonne nouvelle. Pour les Français affiliĂ©s Ă  la SĂ©curitĂ© sociale, il ne sera bientĂ´t plus nĂ©cessaire d’avoir sur soi sa carte vitale pour se rendre chez le mĂ©decin ou en pharmacie, car la petite carte verte arrive enfin en version dĂ©matĂ©rialisĂ©e sur smartphone. Le système Ă©tait en test dans plusieurs rĂ©gions depuis quelques temps et il est dĂ©sormais officiellement gĂ©nĂ©ralisĂ©. Après la carte d’identitĂ©, après le permis de conduire, nouveau pas vers la dĂ©matĂ©rialisation des documents utilisĂ©s, officielle, personnelle. Alors, pour avoir sa carte vitale sur son smartphone, comment faire ? Eh bien, mode d’emploi, il vous faut un smartphone dĂ©jĂ , iPhone ou Android. Et ensuite, une condition sine qua non importante quand mĂŞme, il faut prĂ©ciser, c’est qu’il vous faut la nouvelle carte d’identitĂ© Ă©lectronique, celle au format carte, au format carte bancaire, donc matĂ©riel, car elle a une puce qui permet de vous authentifier sur smartphone. Ensuite, une fois que vous avez ça, vous devez tĂ©lĂ©charger J’ai deux applications si vous ne les avez pas dĂ©jĂ . D’une part, l’application Carte Vitale, c’est logique, et aussi l’application France IdentitĂ©. France IdentitĂ© vous permet d’abord de vous authentifier via la carte d’identitĂ© numĂ©rique. Donc, il y a une petite manip qui n’est pas très compliquĂ©e. Et ensuite, vous allez pouvoir activer votre carte vitale dĂ©matĂ©rialisĂ©e dans l’application Carte Vitale.

Monde Numérique :
[13:44] Bon, une fois qu’on a ça, qu’est-ce qu’on peut faire avec ? Eh bien, pour l’instant, pas grand-chose, parce qu’en thĂ©orie, on pourra l’utiliser comme la carte vitale traditionnelle, dans les Ă©tablissements de santĂ©, pharmacie, chez le mĂ©decin, etc. Mais je dis bien en thĂ©orie, car comme ça vient seulement d’arriver.

Monde Numérique :
[14:01] Il y a fort Ă  parier que les personnels mĂ©dicaux, et notamment les mĂ©decins libĂ©raux, ne sont pas encore Ă©quipĂ©s, donc il va sans doute falloir ĂŞtre un peu patient. VoilĂ , que diriez-vous si maintenant nous traversions l’Atlantique pour aller rejoindre Ă  MontrĂ©al mon camarade et podcasteur prĂ©fĂ©rĂ©, Bruno Guglielminetti ? Le dĂ©brief transatlantique, ce pont entre la France et le Canada, entre le monde numĂ©rique et mon carnet. Salut Bruno Guilhelminetti.

Invité :
[14:33] Salut Jérôme Colombin à Paris.

Monde Numérique :
[14:35] Bruno, cette semaine, il faut qu’on parle de cette annonce de Google qui ne mĂ©nage pas ses efforts pour essayer de rendre son intelligence artificielle attractive, en l’occurrence Gemini. Mais alors lĂ , ils vont faire un truc qui, quand mĂŞme, quand mĂŞme, risque de faire un peu grincer des dons.

Invité :
[14:52] J’aime tellement ta prĂ©sentation. Oui, et la nouvelle est tombĂ©e jeudi et j’avoue que, eux, bon, Google m’a envoyĂ© ça en disant, on a des bonnes nouvelles. Le premier truc que je regarde, c’est la personnalisation de l’utilisation de Jiminy. Alors, Ă©videmment, l’intention est noble, c’est-Ă -dire de permettre aux gens, comme d’autres IA sur le marchĂ© permettent, peut-ĂŞtre des IA gĂ©nĂ©ratives, permettent de personnaliser en prenant le temps d’aller dans les paramètres et d’indiquer des choses. Sauf que Google, voulant simplifier l’opĂ©ration, s’est dit, ne demandons pas aux gens d’aller pondre de l’information sur eux. Allons plutĂ´t utiliser toutes ces donnĂ©es qu’ils gĂ©nèrent en utilisant nos propriĂ©tĂ©s. Donc, Quelqu’un qui veut, puis lĂ , je rassure les gens, c’est quand mĂŞme, c’est un opt-in. Il faut quand mĂŞme faire le geste. Par dĂ©faut, ça ne fonctionnera pas. Mais si vous allez dans les paramètres, vous pouvez autoriser Jiminy Ă  utiliser toutes les traces que vous pouvez laisser en utilisant des applications et des services de Google pour personnaliser votre expĂ©rience d’utilisation de Jiminy. Ça veut dire tout votre historique de navigation sur Internet, si vous utilisez Chrome. Ça veut dire toutes les vidĂ©os que vous regardez ou les recherches que vous faites sur YouTube, les recherches aussi que vous pouvez faire sur d’autres outils, je pense Ă  Google Maps notamment. Bref, l’idĂ©e c’est que… Gmail Ă©galement?

Invité :
[16:17] Gmail, on n’est pas encore lĂ , mais c’est une question de temps. Et donc, l’idĂ©e, c’est d’avoir un maximum d’informations sur ce qui vous intĂ©resse pour par la suite arriver Ă  avoir une idĂ©e de qui vous ĂŞtes. Google, lĂ , mais lĂ , c’est de connecter les deux avec ce que Google sait sur vous, enfin, les traces que vous laissez lorsque vous utilisez les outils de Google et Gemini, et donc, dĂ©marrer ça en deux. Mais Ă©videmment, c’est toute la question de la vie privĂ©e qui est soulevĂ©e par la chose. Le geste est un peu noble de faciliter la vie des gens, mais lĂ , on commence Ă  donner beaucoup d’informations sur nous-mĂŞmes Ă  une IA, sachant pas ce que l’IA peut en faire par la suite.

Monde Numérique :
[16:55] Oui, je sens que ça te choque, ça. Ça te défrise un peu.

Invité :
[16:59] Non, moi, j’ai les cheques courts de ce temps-ci, donc ça, ça va. Mais non, c’est sĂ»r que ça pose des questions.

Monde Numérique :
[17:05] Bien sûr.

Invité :
[17:06] Je pense que la bonne dĂ©cision de Google, c’est quand mĂŞme de ne pas l’avoir faite par dĂ©faut. Donc, il faut vraiment commettre le geste de dire, je prends le pari et je mixe mes donnĂ©es personnelles avec Gemini.

Monde Numérique :
[17:20] DĂ©jĂ , je pense qu’en Europe, ils n’auraient pas le droit de faire ça.

Invité :
[17:22] Non, exactement.

Monde Numérique :
[17:23] Avec le RGPD.

Invité :
[17:24] Mais pour le reste de la planète, ça pourrait se faire sans trop de problèmes. Et puis, mais donc, il y a une première Ă©tape Ă  faire. Mais par la suite, moi, j’avoue très honnĂŞtement que je ne vais pas le faire tout de suite. Je vais le faire probablement, mais pas tout de suite parce que je veux voir…, mauvaises histoires qui vont sortir dans les prochaines semaines quant Ă  l’utilisation croisĂ©e de ces outils-lĂ . Mais Ă  moyen terme et Ă  long terme, c’est sĂ»r que si on veut vraiment tirer le maximum d’un outil comme Gemini qui est intĂ©grĂ© Ă  tout le reste de la suite, il faut passer par lĂ .

Monde Numérique :
[17:56] VoilĂ , c’est in fine, il y aura quand mĂŞme des bĂ©nĂ©fices, mais la question c’est toujours la mĂŞme, c’est Ă  quel prix? Est-ce que, quelles garanties ils vont fournir pour que les donnĂ©es ne servent qu’Ă  nos intĂ©rĂŞts immĂ©diats.

Invité :
[18:11] Exactement. Mais ce qui me fait penser Ă  vendredi, bien hier, vendredi, tu as pondu un Ă©dito donc qui touchait, alors on reste dans le mĂŞme domaine, on parle d’intelligence artificielle, mais j’ai bien aimĂ© ce que tu disais par rapport Ă  Apple Intelligence et l’histoire de Siri qui peine Ă  Ă©voluer.

Monde Numérique :
[18:34] Ben oui, oui, parce que Siri 2.0 comme on peut l’appeler, qui devait sortir lĂ , finalement, Ă  peu près en cette pĂ©riode, en tout cas aux Etats-Unis, ne verra pas le jour. Et alors, c’est complètement fou parce qu’ils ont annoncĂ©, enfin, fait savoir que, en fait, c’Ă©tait carrĂ©ment reportĂ© Ă  2026. Donc, c’est Ă©norme comme dĂ©lai. Et pourquoi ? Parce que, selon… Alors, ça, ce n’est pas officiel, en revanche, mais c’est l’interprĂ©tation d’un expert, un dĂ©veloppeur qui est assez rĂ©putĂ© et crĂ©dible. Il dit mais en fait c’est parce qu’il y a un problème de sĂ©curitĂ© Siri peut ĂŞtre jailbreakĂ© trop facilement, par ce qu’on appelle une injection de prompt c’est Ă  dire une instruction qui va lui demander de se sortir au moment oĂą je parle de Siri il se dĂ©clenche ça c’est le gros problème, il veut injecter des propos parce que pour l’instant il est encore assez bĂŞte et comme Siri doit ĂŞtre intĂ©grĂ© de manière très profonde dans le système d’Apple, ça pourrait vraiment avoir des consĂ©quences très, très graves.

Invité :
[19:38] C’est intĂ©ressant parce qu’Ă  la fois, c’est sa force, mais ce serait sa faiblesse.

Monde Numérique :
[19:42] Exactement, c’est sa force et sa faiblesse en mĂŞme temps. Et au-delĂ  de ça, c’est vrai qu’on peut aussi se poser la question de savoir si Apple ne nous a pas un peu vendu du rĂŞve un peu vite quand ils ont fait leur prĂ©sentation en juin en nous montrant Apple Intelligence et tout ce qu’allait faire Apple Intelligence. Et on s’aperçoit aujourd’hui qu’en fait, il n’y avait rien qui marchait Ă  l’Ă©poque ou presque rien et qu’ils ont un peu tirĂ© des plans sur la comète. MĂŞme si ce n’est quand mĂŞme pas la première fois qu’ils font ça, parce qu’ils ont toujours fait ça. Rappelle-toi, le premier iPhone, il ne marchait pas.

Invité :
[20:10] Mais quand mĂŞme, JĂ©rĂ´me, tu te souviendras d’une discussion qu’on avait eue quand Apple a prĂ©sentĂ© l’iPhone 16. Moi, la première chose que j’ai dit, c’est que si vous voulez utiliser le nouvel appareil pour utiliser Apple Intelligence, attendez le 17. Mais lĂ , ce que ça veut dire, c’est que ça ne sera presque pas prĂŞt avant le 18.

Monde Numérique :
[20:30] Exactement. C’est Ă©norme, ce retard. Ils n’arrivent pas Ă  rattraper ce retard.

Invité :
[20:35] Et c’est catastrophique pour Apple.

Monde Numérique :
[20:37] Bien sĂ»r, parce que c’est Apple, parce que c’est l’intelligence artificielle qui est le truc du moment, parce qu’ils prennent du retard. J’Ă©tais rĂ©cemment au salon de Barcelone, le Mobile World Congress, oĂą il y avait de l’IA partout. Et les constructeurs chinois, corĂ©ens, etc. Expliquent tout ce que l’IA va pouvoir faire dans les smartphones. Et mĂŞme dans les modèles.

Invité :
[20:56] Mais tu vois, là, tu parles des modèles à venir, mais même dans les nouveaux modèles, le Pixel, le OnePlus, le Huawei, il y a des gens embarqués.

Monde Numérique :
[21:06] Bien sûr, bien sûr. Depuis le Galaxy S24 de Samsung.

Invité :
[21:09] Oui, exactement.

Monde Numérique :
[21:09] C’est lui qui avait ouvert le bal. Bon, voilĂ .

Invité :
[21:11] On est tellement en retard et donc ça, puis j’avoue que je suis ambivalent parce que j’ai aimĂ© la transparence de Apple en disant, Ă©coutez, on va ĂŞtre honnĂŞte avec vous, lĂ , ça ne sera pas prĂŞt avant 2026. Ça, c’est comme la semaine passĂ©e quand la nouvelle est sortie. Mais lĂ , c’est ça, c’est qu’on connaĂ®t. Puis ton billet de vendredi m’a fait penser Ă  ça. C’est que lĂ , on est en train de revoir toutes les ramifications, l’impact pour l’entreprise, mais aussi, puis moi, c’est un peu ça qui me déçoit, mais bon, on est dĂ©jĂ  habituĂ©, puis ça fait rĂ©fĂ©rence Ă  ça. C’est le mensonge au niveau de la mise en marchĂ©. Écoute, c’Ă©tait Apple Intelligence de bord en bord quand ils ont prĂ©sentĂ© l’iPhone 16. Puis il y a quoi? « Oh, on peut faire des images de soi-mĂŞme en tĂŞte de cochon. Wow! Bravo, Lya!

Monde Numérique :
[21:57] » Eh oui, ouais, ouais, que vas-tu. Bon, ben, en tout cas, on va voir comment ils vont gĂ©rer cette… Ce n’est pas encore une crise, mais ça pourrait bien le devenir. Bruno, de quoi parles-tu cette semaine dans ton carnet, dans ton excellente Ă©mission hebdomadaire?

Invité :
[22:10] Oh, merci beaucoup de la prĂ©senter de cette façon-lĂ . Eh bien, Ă©coute, j’ai… On connaĂ®t Yoshua Bengio, on l’a eu en invitĂ© tous les deux. Oui, le grand point de Lya.

Invité :
[22:20] Exactement. J’ai la chance, cette semaine, d’accueillir Catherine RĂ©gis. Elle est, et lĂ , je pèse mes mots, lĂ , elle est la bengio de l’Ă©thique de l’IA, donc de l’encadrement de son utilisation et de la rĂ©flexion qu’on doit avoir autour de ça. Tu sais, tous ces textes qu’on a vus sortir ici et lĂ  sur les risques qui pouvaient ĂŞtre encourus avec l’utilisation de l’IA, Catherine RĂ©gis, elle est beaucoup derrière toutes ces initiatives-lĂ .

Invité :
[22:47] Elle est rattachĂ©e, elle est prof Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. Elle est rattachĂ©e au Mila et c’est un peu, puis elle est toujours un peu… Dans l’ombre de Yoshua Menjo. Mais lĂ , je lui ai demandĂ©, je lui ai dit, est-ce que je peux vous parler? Et puis, entre un voyage Ă  Vancouver puis un autre appairie, puis lĂ , je pense qu’elle repartait Ă  Londres, elle a acceptĂ©. On a fait une entrevue de 25 minutes. C’est fascinant parce qu’elle travaille avec presque tous les gouvernements de la planète qui sont des leaders dans le domaine de l’IA. Elle vient de pondre un document pour les Nations Unies. Alors, c’est pour discuter d’oĂą ça s’en va par rapport Ă  l’Ă©thique et qui joue avec quoi dans le contexte qu’on connaĂ®t international. Sinon, rapidement, deux auteurs. StĂ©phane RĂ©coule, que tu connais, qui est collaborateur sur Montcarnin, il sort un livre qui s’appelle Vos clics, leurs caches. Ça sort Ă  Paris et ça sort Ă  MontrĂ©al en simultanĂ©. Et donc, on va parler de fiscalitĂ© du monde numĂ©rique. Autre livre qui sort Ă  la fois… C’est fort. Autre livre qui sort Ă  Paris et Ă  MontrĂ©al en mĂŞme temps, c’est L’Empire du sexe, une enquĂŞte sur Pornhub. Qui est une fiertĂ© canadienne.

Monde Numérique :
[23:55] Oui, c’est vrai que c’est une pĂ©pite canadienne.

Invité :
[23:58] De MontrĂ©al. J’ai plusieurs amis qui travaillent lĂ . Et puis, donc, grosse enquĂŞte du Journal de MontrĂ©al sur la chose.

Monde Numérique :
[24:07] J’ai vu passer ça.

Invité :
[24:08] Oui, puis donc, on en parle. Et puis, on va parler avec ChloĂ© Sunderbos du nouvel IA qui est lancĂ© au Canada. Donc, c’est une fiertĂ© canadienne. Ça vient de Toronto. Puis, je vais en parler avec ma collègue qui couvre l’IA chez Radio-Canada.

Monde Numérique :
[24:22] Eh bien, dis donc, il s’en passe des choses au Canada. Je vais ĂŞtre obligĂ© d’aller Ă©couter ton podcast pour une fois.

Invité :
[24:26] Tu vas ĂŞtre obligĂ© de venir faire une Ă©dition spĂ©ciale de mon numĂ©rique au Canada. Je te souhaite une bonne suite d’Ă©missions et puis je te dis Ă  la semaine prochaine.

Monde Numérique :
[24:34] Merci, Bruno. Très bonne émission à toi aussi et à la semaine prochaine.

Monde Numérique :
[24:45] L’innovation de la semaine, c’est un ordinateur, mais un ordinateur d’un genre un peu particulier, puisqu’il fonctionne, tenez-vous bien, avec des neurones humains, humains et animaux d’ailleurs. Il a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© rĂ©cemment au salon Mobile World Congress de Barcelone, mais j’avoue que j’Ă©tais un peu passĂ© Ă  cĂ´tĂ© et il est temps d’en parler maintenant. C’est une innovation signĂ©e par une start-up australienne, Cortical Labs, et c’est un ordinateur biologique. Alors de quoi parle-t-on ? Cette machine qui s’appelle CL1, Cortical Labs 1, est Ă  moitiĂ© Ă©lectronique et Ă  moitiĂ© organique parce qu’Ă  l’intĂ©rieur, il y a une sorte de processeur qui fonctionne avec des cellules cĂ©rĂ©brales humaines et animales connectĂ©es Ă  des circuits Ă©lectroniques. En fait, il s’agit de cellules issues de cellules sanguines ou cutanĂ©es qui ont Ă©tĂ© transformĂ©es en cellules souches, cultivĂ©es en laboratoire.

Monde Numérique :
[25:39] ReliĂ©es ensuite Ă  59 Ă©lectrodes et maintenues en vie, entre guillemets, Ă  l’intĂ©rieur de cette machine Ă  l’aide d’un système de pompe fait de mĂ©langes gazeux pour fournir des nutriments. Ă€ l’arrivĂ©e, cet amas de cellules serait capable d’effectuer des calculs informatiques, mais aussi d’aller plus loin, d’apprendre, de s’adapter Ă  des situations complexes, d’exĂ©cuter du code informatique, notamment en langage Python. Pour la dĂ©monstration, la startup arrive Ă  faire jouer son ordinateur au jeu vidĂ©o Pong, ce vieux jeu de tennis des annĂ©es 70. Il n’y a pas le jeu le plus Ă©voluĂ© du moment, mais on est encore un peu dans la preuve de concept.

Monde Numérique :
[26:18] Donc ce joujou est totalement surprenant, c’est la première fois qu’on voit ça en vrai, mĂŞme si le concept n’est pas vraiment nouveau. C’est la concrĂ©tisation de ce qu’on appelle l’intelligence organoĂŻque, un champ de recherche qui serait, selon ses promoteurs, ni plus ni moins le futur de l’intelligence artificielle. Car ça pourrait offrir une puissance de calcul nouvelle, avec un gros avantage notamment, c’est le ratio entre puissance de calcul et consommation Ă©nergĂ©tique. En effet, on sait qu’un ordinateur standard a besoin de beaucoup d’Ă©nergie pour fonctionner et consomme plusieurs centaines de watts pour un ordinateur de bureau classique. Tandis qu’un cerveau humain, qui Ă©videmment est bien plus puissant qu’un ordinateur, lui est un outil formidable puisqu’il consomme Ă  peine 20 watts. Notre petit cerveau, avec tout ce qu’il sait faire, ne bouffe que 20 watts d’Ă©lectricitĂ©. Le prototype prĂ©sentĂ© Ă  Barcelone, lui, ne consommerait qu’entre 28 et 33 watts, ce qui montre bien qu’on se rapproche plus d’une sorte de cerveau humain plutĂ´t que d’un ordinateur traditionnel, mĂŞme si pour l’instant c’est encore très basique en termes de fonctionnement. Et c’est aussi très cher, la machine coĂ»te 35 000 dollars. Elle est disponible, cela dit, en location.

Monde Numérique :
[27:31] Alors Ă©videmment, c’est fascinant, mais un ordinateur organique, ça pose aussi des questions Ă©thiques. « Une telle machine pourrait-elle avoir une conscience ? » Question notamment qu’a posĂ©e NumĂ©rama aux dirigeants de cette sociĂ©tĂ© qui rĂ©pond que les organoĂŻdes ne sont pas des cerveaux puisqu’en fait il n’y a que quelques milliers de neurones alors que le cerveau humain, lui, il en a des dizaines de milliards. Ouais, bon, on pensera Ă  ce qu’on veut de cette rĂ©ponse parce que si aujourd’hui le cerveau est minuscule, qu’est-ce qui se passera le jour oĂą on arrivera Ă  faire un super ordinateur organique ? Et si le sujet vous intĂ©resse, alors comme je l’ai dit, la thĂ©matique n’est pas nouvelle et justement j’avais interviewĂ© rĂ©cemment le français Bruno Maisonnier qui a une sociĂ©tĂ© qui s’appelle Another Brain et qui travaille prĂ©cisĂ©ment lĂ -dessus et il vient d’Ă©crire justement un livre qui s’appelle Organic AI. L’interview date du 28 janvier dernier, donc c’est tout frais, c’est Ă  retrouver sur votre app de podcast Ă  la date du 28 janvier ou sur le site mondenumĂ©rique.info, l’interview de Bruno Maisonnier Ă  propos de ce concept d’ordinateur organique.

Invité :
[28:43] Monde numérique, le meilleur de la tech.

Monde Numérique :
[28:57] On va passer maintenant aux interviews de la semaine de Monde NumĂ©rique. Mais juste avant cela, je voudrais vous annoncer une nouvelle qui va intĂ©resser bon nombre d’auditeurs. Attention les yeux, ou les oreilles plutĂ´t, depuis cette semaine, la version premium de Monde NumĂ©rique, l’hebdo, est disponible sur Spotify.

Monde Numérique :
[29:14] Alors l’hebdo premium, qu’est-ce que c’est ? Eh bien, c’est une version allongĂ©e de cette Ă©mission, avec les interviews en version intĂ©grale. Et en plus, disponible dès le vendredi soir au lieu du samedi matin, sans pub avant l’Ă©mission pour seulement 2,99€ par mois mesdames et messieurs. Jusqu’Ă  prĂ©sent l’Hebdo Premium Ă©tait accessible uniquement sur Apple Podcast mais grâce au super boulot de mon nouvel hĂ©bergeur AudioMeans, ça marche aussi sur Spotify. VoilĂ , si vous ĂŞtes sur Spotify et que vous voulez vous abonner Ă  l’Hebdo Premium, comment faire ? Vous allez sur la fiche du podcast que vous Ă©coutez actuellement pour retrouver le lien vers le flux Premium. Alors vous le Vous trouverez notamment dans l’onglet « DĂ©couvrir plus de ce genre » ou dans la description du podcast, tout simplement. Vous cliquez pour accĂ©der Ă  Monde numĂ©rique premium. Ensuite, vous cliquez sur « S’abonner », puis sur le petit cadenas vert afin d’obtenir l’accès. Ça paraĂ®t compliquĂ© comme ça, en fait, c’est très simple. Vous verrez apparaĂ®tre ensuite Monde numĂ©rique premium comme un deuxième flux de podcast dans votre application d’Ă©coute. Et vous pourrez aussi accĂ©der aux Ă©pisodes premium Ă  partir du flux principal, ce qui est pas mal, du coup, tout est mĂ©langĂ©. VoilĂ , c’est fait pour satisfaire tout le monde. Ceux qui veulent d’un cĂ´tĂ© simplement une Ă©mission de 50 minutes le samedi, puis ceux qui en veulent tout de suite beaucoup plus, c’est pour vous. Donc, c’est disponible sur Spotify, Ă©galement sur Apple Podcasts, ça l’Ă©tait dĂ©jĂ , pas de changement si vous Ă©tiez abonnĂ©, vous ĂŞtes assez nombreux d’ailleurs Ă  vous ĂŞtre abonnĂ©. Merci pour cela et merci pour votre fidĂ©litĂ©.

Monde Numérique :
[30:41] Bien sĂ»r, si vous n’ĂŞtes pas abonnĂ© Ă  Monde NumĂ©rique Premium, vous pouvez Ă©couter les interviews en intĂ©gralitĂ©, en Ă©pisodes sĂ©parĂ©s quelques jours après la diffusion de l’hebdo. Allez, trĂŞve de bavardage, je vous propose maintenant de retrouver mes invitĂ©s de la semaine pour aborder des sujets passionnants. ClĂ©ment Delangue de la start-up franco-amĂ©ricaine Hugging Face. On Ă©coutera Patrice DuboĂ© de Capgemini pour parler de la tech au service de l’agriculture. Mais d’abord, l’actu, c’est ce qui s’est passĂ© il y a quelques jours Ă  peine au Texas, l’un des plus grands Ă©vĂ©nements mondiaux consacrĂ©s Ă  l’innovation. Bonjour Julien Villeret .

Invité :
[31:17] Bonjour Jérôme.

Monde Numérique :
[31:18] Directeur de l’innovation d’EDF, ravi de vous retrouver comme chaque mois en partenariat entre EDF et Monde NumĂ©rique pour faire le point sur ces innovations qui nous changent la vie ou qui vont peut-ĂŞtre nous changer la vie, notamment dans le domaine de l’Ă©nergie, mais pas seulement. Julien, quelle chance vous revenez Ă  l’instant du Texas pour un Ă©vĂ©nement dont on est obligĂ© de parler tous les ans maintenant. C’est le fameux South by Southwest. C’est toujours un regard sur le futur, cette manifestation.

Invité :
[31:50] Exactement. Et donc, il y a un talk qui est en gĂ©nĂ©ral un des premiers qui ouvre la première journĂ©e de confĂ©rence qui est très attendue, qui est celui du MIT, la cĂ©lèbre Ă©cole Massachusetts Institute of Technology, qui prĂ©sente ces dix technologies de rupture de 2025. Donc ça, c’est les dix technologies, pas du futur au sens qu’elles vont arriver dans très longtemps, mais c’est celles qui, cette annĂ©e, sont mĂ»res pour commencer Ă  produire des effets incroyables. Alors, on pourrait parler très longuement des 10, mais je vais quand mĂŞme les citer et les lister parce que je ne peux pas m’empĂŞcher chacune Ă  prĂ©senter des intĂ©rĂŞts assez gĂ©niaux. D’abord, le Vera C. Rubin Observatory, c’est quoi ? C’est le tĂ©lescope le plus puissant qui n’a jamais Ă©tĂ© conçu dans le monde, qui, ça y est, est terminĂ© avec un capteur. Le capteur, c’est ce qui permet, en fait, comme dans nos tĂ©lĂ©phones, de faire des photos. LĂ , le capteur de ce tĂ©lescope, il fait la taille d’une voiture. On imagine la taille d’une voiture, c’est le capteur qui est Ă  l’intĂ©rieur du tĂ©lescope. Il va permettre quoi ? Il va permettre de faire une map en 3D, une cartographie en 3D de toute la voie lactĂ©e, ça c’est leur premier projet, et donc de trouver des milliards de nouvelles Ă©toiles et de nouvelles galaxies. Donc c’est ça le projet, on va beaucoup en entendre parler je pense dans la presse dans les mois qui viennent, mais en tout cas il va ouvrir cette annĂ©e.

Invité :
[32:59] Beaucoup parler aussi de tout ce qui est de la recherche mondiale. En Generative AI, Perplexity, Open AI Search, bref, en gros, un peu la fin du modèle Google tel qu’on le connaĂ®t et vraiment l’utilisation en masse par les utilisateurs et par le grand public de la recherche gĂ©nĂ©rative. Les petits language models, on parle des LLM, les larges language models, et bien lĂ , maintenant, les petits modèles de langage spĂ©cialisĂ©s qui vont se gĂ©nĂ©raliser.

Monde Numérique :
[33:26] Julien, ça, c’est le prĂ©sent, en quelque sorte. Il y a aussi le futur avec, je crois, un peu le point d’orgue de cette manifestation au Texas. C’est la confĂ©rence de la futurologue Amy Webb.

Invité :
[33:38] Exactement. Amy Webb, c’est un peu la star de South By. Ça fait 20 ans qu’elle fait son grand talk sur le futur. On fait la queue plus de deux heures avant devant la salle pour ĂŞtre sĂ»r d’avoir une place. C’est une salle qui fait plusieurs milliers de personnes. Donc, autant dire qu’elle est très, très attendue. Et donc, elle a prĂ©sentĂ©, comme chaque annĂ©e, ses grandes tendances de l’annĂ©e. Alors, pareil, je vais devoir passer vite, mais très intĂ©ressant. La première tendance, selon elle, du futur qui est devant nous, c’est l’intelligence vivante, la living intelligence, comme elle l’appelle, c’est-Ă -dire c’est le concept de la fusion entre l’intelligence artificielle et les biotechnologies qui marquent en fait une nouvelle ère technologique. Dit autrement, un exemple, c’est les puces informatiques qui vont intĂ©grer des neurones biologiques, des neurones humains Ă  l’intĂ©rieur. Et ça, c’est des technologies qui se sont dĂ©veloppĂ©es aujourd’hui, qui fonctionnent en laboratoire et qui vont pouvoir dĂ©velopper de façon très, très, très nouvelle des systèmes mi-biologiques, mi-numĂ©riques, une intelligence vivante. Et ça, pour elles, c’est vraiment une rupture des cinq ans Ă  venir qui va ĂŞtre très, très forte.

Monde Numérique :
[34:40] D’ailleurs, il y avait un prototype prĂ©sentĂ© au Salon de Barcelone, le Mobile World Congress, rĂ©cemment, effectivement, l’un des premiers prototypes d’ordinateur biologique, en quelque sorte.

Invité :
[34:54] Exactement. Et donc, pour elle, c’est vraiment une rupture très importante dans l’avenir qui est devant nous. La deuxième, alors on en parle beaucoup et le CES a Ă©tĂ© très marquant de ce point de vue-lĂ , c’est les avancĂ©es en robotique et la capacitĂ© des robots Ă  gĂ©rer le dĂ©sordre dans des environnements rĂ©els. Elle dit autrement, les robots jusqu’Ă  prĂ©sent Ă©taient programmĂ©s pour fonctionner dans l’ordre, c’est-Ă -dire des choses qui Ă©taient programmĂ©es, faire petit A, petit B, petit C, dans un environnement maĂ®trisĂ©. On imagine un robot dans une usine de voiture, par exemple. Eh bien lĂ , c’est l’arrivĂ©e et l’adoption commerciale massive des robots assistants dans les cinq prochaines annĂ©es, selon elle, parce que dĂ©sormais, les robots, grâce Ă  l’intelligence artificielle, savent gĂ©rer toute la complexitĂ© de la vraie vie. Et on sait que la vraie vie, ce n’est pas Ă©vident de naviguer dans la vraie vie. Le troisième c’est les mĂ©tamatĂ©riaux et le biomimĂ©tisme donc c’est des mĂ©tamatĂ©riaux c’est des nouveaux matĂ©riaux qu’on invente et qui vont pouvoir redĂ©finir les limites de la physique elle a donnĂ© l’exemple par exemple de briques des briques de construction.

Invité :
[35:51] Qui fonctionnent Ă  l’intĂ©rieur comme des poumons et qui vont filtrer l’air. Donc ça, c’est une innovation qui existe, qui est dĂ©veloppĂ©e aujourd’hui en laboratoire. On imagine qu’un immeuble construit avec ses briques va dans la ville, filtrer l’air et donc enlever la pollution en permanence de la ville. Donc ce type de mĂ©tamatĂ©riaux, de nouveaux matĂ©riaux qui mimiquent la biologie, elle pense que ce sera lĂ  aussi une des grandes rĂ©volutions. La quatrième, c’est la collaboration entre les gĂ©ants de la technologie.

Invité :
[36:17] ConsidĂ©rant que de plus en plus de rapiditĂ© finalement et de besoin de travail sur les sujets comme l’IA Ă©videmment et toute la data et les puissances de calcul dont on a besoin pour faire avancer les technologies va pousser un mouvement d’open source gĂ©nĂ©ralisĂ© et que les gĂ©ants de la tech vont dĂ©propriĂ©riser, si je puis dire, ce nĂ©ologisme, leur technologie et les apporter de plus en plus en open source parce que c’est ça qui va permettre, d’accĂ©lĂ©rer dans cette innovation numĂ©rique. Et puis, son dernier point, c’Ă©tait de dire qu’on est passĂ© au-delĂ  de ce qu’on appelle les super cycles technologiques. On a parlĂ© souvent de l’IA comme d’un super cycle technologique, c’est-Ă -dire qu’on arrive tout d’un coup dans un moment qui change tout. L’IA change tout. Elle, elle pense qu’on est dans le beyond, c’est-Ă -dire qu’on est allĂ© encore plus dans quelque chose de plus fort, plus puissant, plus loin, je ne sais pas comment dire, qu’un super cycle technologique. Ça veut dire que la technologie, en ce moment et Ă  l’avenir encore plus, va Ă©voluer plus vite que notre capacitĂ© on a apprĂ©hendĂ© les impacts dit autrement on va sortir des technologies mais on ne va pas bien rĂ©ussir Ă  maĂ®triser les impacts ça va sur nos vies ce qui est un peu inquiĂ©tant.

Invité :
[37:23] C’Ă©tait pas une prĂ©diction très positive de sa part et elle l’assumait mais elle dit ce qui est très difficile aujourd’hui c’est qu’on n’arrive plus et on va de moins en moins arriver Ă  prendre des dĂ©cisions Ă©clairĂ©es, sur les technologies parce qu’en fait elles arrivent tellement vite qu’on n’a pas le temps de se les approprier.

Monde Numérique :
[37:38] Merci beaucoup Julien Villeret directeur de l’innovation d’EDF de ce retour enthousiastes du festival South by Southwest au Texas.

Invité :
[37:49] Merci Jérôme.

Monde Numérique :
[37:57] Bonjour Clément Delangue.

Invité :
[37:59] Bonjour.

Monde Numérique :
[38:00] Merci d’ĂŞtre dans Monde NumĂ©rique en ligne depuis Miami, en Floride, oĂą vous habitez. Vous ĂŞtes donc cofondateur et dirigeant de la startup Hugging Face, la fameuse startup Hugging Face franco-amĂ©ricaine valorisĂ©e Ă  plusieurs milliards de dollars, une pĂ©pite, comme on dit, souvent citĂ©e d’ailleurs par les responsables politiques français. Alors, très connu dans le monde de la tech, pas forcĂ©ment auprès du grand public. Est-ce que vous pouvez nous rappeler un petit peu exactement ce que c’est que Euging Face ?

Invité :
[38:31] Oui, Euging Face, on a eu la chance de devenir la plateforme la plus utilisĂ©e par ce qu’on appelle les AI builders, c’est-Ă -dire toutes les personnes qui crĂ©ent de l’intelligence artificielle. Donc, on a bientĂ´t 10 millions d’utilisateurs qui viennent sur Hugging Face pour trouver des modèles. Donc, par exemple, si vous connaissez les modèles de Mistral, les modèles de Meta, Lama, les modèles de DeepSeek, pour trouver des jeux de donnĂ©es, des datasets et pour construire des applications. Donc, on est devenu une sorte d’App Store de l’intelligence artificielle avec plus de 400 000 applications qui ont Ă©tĂ© créées sur la plateforme, sur Hugging Face.

Monde Numérique :
[39:19] Donc, vous ne crĂ©ez pas vous-mĂŞme de modèles d’intelligence artificielle, mais vous mettez Ă  disposition des modèles qui sont open source. Et donc, n’importe qui peut les utiliser et mĂŞme les adapter Ă  ses propres besoins.

Invité :
[39:33] C’est ça, oui. C’est un peu comme une bibliothèque, on va dire, la version intelligence artificielle de la bibliothèque, oĂą n’importe quelle entreprise, n’importe quelle organisation, n’importe quelle personne peut venir sur la plateforme, trouver un modèle open source, donc gratuit, et construire leur propre application d’intelligence artificielle. Nous, notre vision, c’est qu’Ă  terme, toutes les entreprises, toutes les organisations vont ĂŞtre capables de crĂ©er de l’intelligence artificielle elles-mĂŞmes, qu’elles ne vont pas devoir dĂ©pendre d’un OpenAI, d’un Anthropik. Et du coup, on a construit la plateforme qui permet de faire ça.

Monde Numérique :
[40:13] Donc, c’est le contraire de ce qu’on voit aujourd’hui, finalement, Avec un chat GPT qui est une solution propriĂ©taire, qui fonctionne sur des gros data centers qui ne sont pas au sein des entreprises qui les utilisent, qui sont des algos propriĂ©taires, des solutions propriĂ©taires, etc. Vous, vous ĂŞtes Ă  l’antithèse de ce concept-lĂ .

Invité :
[40:35] Oui, Ă  l’antithèse. Alors, ce concept-lĂ , c’est plus une perception qu’une rĂ©alitĂ© parce que dĂ©jĂ  sur Hugging Face, on a un nouveau modèle de jeu de donnĂ©es ou application créée toutes les 10 secondes. Il y a plus d’un million et demi de modèles qui ont Ă©tĂ© créés sur Hugging Face. Donc, les entreprises dĂ©jĂ  crĂ©ent leurs propres modèles et tout le monde ne dĂ©pend pas d’OpenAI. Donc, c’est plus une perception qu’une rĂ©alitĂ©. Mais on pense que ça va s’intensifier dans les prochains mois, dans les prochaines annĂ©es oĂą vraiment on aura toutes les entreprises qui vont crĂ©er leur propre intelligence artificielle en s’appuyant, bien sĂ»r, sur des modèles open source, parfois, comme des Mistral, comme des Lamins.

Monde Numérique :
[41:27] Donc, on comprend bien pourquoi, effectivement, tu es un avocat et un dĂ©fenseur convaincu de l’open source. Et c’est vrai que c’est un discours qu’on entend de plus en plus, qui rentre en rĂ©sonance avec les discours officiels. Mais on a l’impression que, et mĂŞme Ă  des Ă©chelles vraiment de pays, d’État, aujourd’hui, l’open source, c’est quasiment lĂ -dessus que l’Europe a officiellement l’intention de s’appuyer pour dĂ©velopper d’IA, la Chine aussi, DeepSeek, c’est un modèle open source. L’open source, c’est un peu l’arme du challenger. Ça l’a toujours Ă©tĂ©, ça l’a Ă©tĂ© dans le logiciel. Est-ce que tu penses que ça va donc suivre le mĂŞme chemin, c’est-Ă -dire vraiment, c’est ça qui va monter en puissance ?

Invité :
[42:12] Oui, comme tu le dis, l’open source, c’est un moyen pour les pays ou les organisations un peu challenger de rattraper plus rapidement parce qu’en fait en poussant l’open source, vous avez de plus en plus de collaborations entre les diffĂ©rentes organisations qui construisent au-dessus l’un de l’autre qui se challenge qui s’Ă©mule et qui partage en fait ce savoir et cet apprentissage et du coup ça permet de dĂ©velopper la technologie plus rapidement Non. Ă€ mon avis, c’est ça qui a permis aux États-Unis de devenir le leader entre 2016 et 2022. Tout Ă©tait ouvert aux États-Unis et toutes les entreprises, toutes les organisations construisaient au-dessus l’un de l’autre. Et tu avais cette Ă©mulation très forte qui faisait que le cycle de progrès Ă©tait très rapide et a amenĂ© Ă  ce leadership amĂ©ricain. Donc je pense que tous les autres pays devraient faire la mĂŞme chose la Chine l’a très bien compris puisque depuis 2-3 ans c’est ce qu’ils font et ça leur permet de rattraper comme ce qu’on peut voir avec DeepSync, et aussi les entreprises je pense devraient faire la mĂŞme chose les startups, les petites entreprises devraient s’appuyer lĂ -dessus de plus en plus.

Invité :
[43:37] Pour rĂ©ussir Ă  rattraper et au-delĂ  de l’aspect un peu.

Invité :
[43:42] Utilitaire de l’open source moi ce que je trouve intĂ©ressant important c’est l’aspect aussi Ă©thique parce qu’en fait le l’intelligence artificielle est une technologie d’infrastructures fondamentales qui si elle est contrĂ´lĂ©e par par quelques acteurs Ă  mon avis peut ĂŞtre très très dangereuse et donc je pense qu’on a vraiment envie comme le software qu’elle soit accessible Ă  tous et ça ça passe par l’open source sans open source la technologie sera uniquement accessible, disponible, maĂ®trisable par quelques acteurs, peut-ĂŞtre par OpenAI, Microsoft et quelques autres. Et ça, ce serait vraiment un gros risque. Imagine un monde oĂą il n’y aurait qu’une ou deux entreprises qui pourraient faire du logiciel. Ce serait un monde assez.

Monde Numérique :
[44:37] Dangereux pas forcément un monde dans lequel.

Invité :
[44:41] On aimerait vivre je pense donc.

Monde Numérique :
[44:44] D’un point de vue c’est important aussi j’entends bien mais comment expliquer que mĂŞme ceux qui faisaient de l’open source avant typiquement open AI d’oĂą son nom finalement après s’orientent vers des solutions propriĂ©taires est-ce que c’est pas une espèce de fatalitĂ©, Ă©conomique et puis alors Meta aussi prĂ´ne beaucoup l’open source, mais en rĂ©alitĂ© tout n’est pas open source chez Meta il y a maintenant ce qu’on appelle le distinguo entre l’open source et l’open weight, donc finalement il y a certains bouts en open source mais pas tout les entreprises qui innovent sont obligĂ©es quand mĂŞme, est-ce qu’elles ne sont pas obligĂ©es Ă  un moment de garder un peu leurs petits secrets.

Invité :
[45:24] C’est un gradient en fait c’est pas open source ou pas open source je pense que ça navigue un peu d’un extrĂŞme Ă  l’autre, et que les entreprises aussi naviguent sur ce gradient. D’ailleurs, on voit qu’OpenAI en ce moment est en train de rĂ©flĂ©chir Ă  peut-ĂŞtre revenir Ă  un modèle plus open source. Je pense que Sam Altman, il y a quelques semaines, a dit qu’il se sentait du mauvais cĂ´tĂ© de l’histoire en Ă©tant moins open source qu’avant. On voit aussi que les entreprises naviguent sur ce gradient. Je pense qu’il faut essayer de pousser, de se diriger de plus en plus vers plus d’ouverture, plus de transparence, en se disant que ce ne sera jamais 100% transparent, 100% ouvert, mais plus on peut pousser dans cette direction, le mieux c’est, je pense.

Monde Numérique :
[46:23] Merci ClĂ©ment Delangue, CEO et cofondateur de Hugging Face. Merci beaucoup d’avoir Ă©tĂ© dans le monde numĂ©rique.

Invité :
[46:29] Merci beaucoup.

Monde Numérique :
[46:38] Bonjour Patrice Duboé.

Invité :
[46:39] Bonjour Jérôme.

Monde Numérique :
[46:41] Directeur de l’innovation pour l’Europe du Sud chez Capgemini. Ravi de vous accueillir Ă  nouveau dans Monde NumĂ©rique pour ce rendez-vous mensuel en partenariat avec Capgemini. Le salon de l’agriculture avait lieu rĂ©cemment Ă  Paris et on voit que de plus en plus la technologie s’invite dans l’agriculture. Est-ce qu’on peut dire que vĂ©ritablement la tech a changĂ© l’agriculture aujourd’hui ?

Invité :
[47:04] IndĂ©niablement, on ne va pas parler de rĂ©volution, mais aujourd’hui la tech et pas que la low tech arrivent dans tous les secteurs d’activitĂ©, dans toutes les industries. Et l’agriculture s’est vraiment transformĂ©e, l’agro et la grille d’ailleurs, s’est vraiment transformĂ©e ces dernières annĂ©es. On voit bien l’analyse, par exemple, des parcelles, grâce aux images satellites, permettent aujourd’hui d’avoir une vue parfaite sur les cultures, analyser les champs, voir la forestation ou la dĂ©forestation, grâce Ă  des images de satellites ou de drones mĂŞme. En fait, on a une vue parfaite pour gĂ©rer une meilleure irrigation.

Invité :
[47:43] GĂ©rer tous les produits phytosanitaires. On s’est prĂ©venu aujourd’hui que tous les tracteurs sont Ă©quipĂ©s de GPS. On a entendu beaucoup de vols de ces GPS qui valent très cher. Et aujourd’hui, il y a un autopilotage des tracteurs sur les grandes parcelles qui, grâce aux images satellites, vont donner le juste niveau des traitements pour ne pas surexploiter les terres et avoir la bonne irrigation, le bon traitement pour ne pas avoir de maladies et avoir des meilleurs rendements pour les parcelles. Donc ça, c’est dĂ©jĂ  un premier bon exemple sur la partie l’innovation et l’analyse d’attaque qui vient au service de l’ensemencement et des cultures. Mais si on prend l’autre dimension de la partie Ă©levage, lĂ , on peut avoir des grands Ă©levages, Mais on a aussi en France beaucoup de petites exploitations qui vont gĂ©rer des troupeaux de quelques dizaines de tĂŞtes, quelques dizaines de vaches, quelques centaines de brebis, de chèvres ou des dizaines de chevaux. Et donc lĂ , on a d’autres types d’innovations qui sont arrivĂ©es, en particulier sur le bien-ĂŞtre animal. Aujourd’hui, on voit de plus en plus de colliers connectĂ©s sur les animaux pour mesurer la tempĂ©rature, pour anticiper par exemple des maladies.

Invité :
[48:53] On a Ă©galement d’autres colliers connectĂ©s qui vont dĂ©tecter un vĂ©lage. Et on sait très bien que lorsqu’on va avoir un vĂ©lage pour une vache, une jument ou une brebis, souvent l’agriculteur, le berger, l’Ă©leveur doit ĂŞtre Ă  cĂ´tĂ© pour faciliter justement la naissance des petits. Et le fait d’ĂŞtre prĂ©venu, ça permet d’anticiper des pertes d’animaux Ă  la naissance. De plus en plus de ces Ă©quipements sont dĂ©veloppĂ©s. On a Ă©galement dans les zones un petit peu plus reculĂ©es le suivi GPS, qui Ă©tait jusqu’Ă  prĂ©sent possible que dans les zones, on va dire, habitĂ©es avec une couverture rĂ©seau. Grâce Ă  l’arrivĂ©e des satellites aujourd’hui, on peut suivre les troupeaux dans toutes les zones de montagne en France, les Alpes, les Vosges, le massif central, les PyrĂ©nĂ©es. Et donc, on voit encore une fois ce cĂ´tĂ© inclusion numĂ©rique oĂą la techno, le satellite permet Ă  tous les agriculteurs, pas uniquement dans les zones peuplĂ©es, d’avoir accès Ă  ces technologies. Et donc ça, c’est un point qui est important parce que ces colliers connectĂ©s permettent non seulement de retrouver les animaux, par exemple en pĂ©riode de bouillard en montagne, pour pouvoir les ramener le soir ou plusieurs fois par semaine.

Invité :
[50:05] Mais c’est Ă©galement des choses qui permettent de ramener les jeunes populations de bergers ou d’agriculteurs en montagne lorsqu’ils n’avaient aucun rĂ©seau. On comprend qu’aujourd’hui, un jeune ne va pas forcĂ©ment passĂ© trois, quatre mois en transhumance seule en montagne. Les mĹ“urs ont Ă©voluĂ©, les besoins ont changĂ©. Aujourd’hui, on se doit d’ĂŞtre connectĂ©.

Invité :
[50:26] Et c’est intĂ©ressant de noter que cette annĂ©e, la transhumance est devenue patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est une tradition millĂ©naire et qui a de multiples avantages. D’abord, on va aller chercher le fourrage lĂ  oĂą il est. L’Ă©tĂ©, il y a plus d’herbes forcĂ©ment en montagne, on le sait. Il fait plus frais que dans les plaines. Ça Ă©vite d’importer des fourrages d’autres pays, d’Europe de l’Est, d’Espagne. Donc, c’est des coĂ»ts en moins. C’est un meilleur entretien de la montagne grâce aux troupeaux qui vont Ă©viter les incendies en prenant l’herbe. Et puis, voilĂ , ces colliers connectĂ©s permettent de les trouver, de les suivre, d’analyser leurs mouvements, mais Ă©galement de pouvoir dĂ©tecter les attaques de prĂ©dateurs. On parle beaucoup de lours, du loup, des lynx. Donc, vous voyez, avec un petit collier, on peut amener beaucoup de services aux agriculteurs et permettre Ă  des jeunes bergers de revenir, de reprendre possession de la montagne pour mieux l’entretenir.

Monde Numérique :
[51:16] En matière de protection de l’environnement et de respect de l’environnement, on sait que la tech Ă©galement apporte beaucoup et les agriculteurs sont en première ligne sur ce terrain-lĂ .

Invité :
[51:27] Tout Ă  fait, on a entendu beaucoup parler en actualitĂ©, les batailles autour de l’eau. On sait qu’aujourd’hui, la gestion de l’eau, c’est quelque chose qui est capital. On le voit aussi avec les Ă©nergĂ©ticiens. Avant, EDF, ENGIE gĂ©raient seules leur quantitĂ© d’eau dans les barrages. Aujourd’hui, c’est un compromis entre les prĂ©fets, les agriculteurs, le tourisme, l’industrie. L’eau doit ĂŞtre lĂ  l’Ă©tĂ© pour tout le monde, pour nous, pour pouvoir boire, pour pouvoir nous doucher, mais parfois sur les canaux Ă©galement de tourisme, pour pouvoir avoir un tourisme fluvial. Et les agriculteurs en ont Ă©galement besoin, que ce soit pour l’Ă©levage ou pour les cultures. Et encore une fois, la techno permet d’avoir une meilleure visibilitĂ©. Encore une fois, avec les techno-satellites, on peut analyser quel est l’Ă©tat des parcelles, quelles sont celles qui ont besoin d’eau ou pas.

Invité :
[52:14] MĂŞme chose pour la partie phytosanitaire. On voit bien que si on connaĂ®t exactement l’analyse du sol par des macro-images satellites, on va permettre d’aider l’agriculteur pour dire voilĂ  cette parcelle a besoin de tel traitement l’autre non et on peut aller pratiquement au maĂ®tre près donc on voit vraiment l’intĂ©rĂŞt d’amener ces technologies pour avoir une meilleure protection Ă©galement de l’environnement pour ne pas surtraiter les parcelles donc ça c’est quelque chose qui est intĂ©ressant mais qui peut servir aussi sur le cĂ´tĂ© administratif tout le monde connaĂ®t en france la PAC la politique agricole communes. Jusqu’Ă  prĂ©sent, il fallait dĂ©clarer toutes ces parcelles. Est-ce qu’elles Ă©taient utilisĂ©es ? Quel type de culture ? Est-ce qu’elles Ă©taient en jachère ou pas ? Aujourd’hui, ça, c’est automatique. Grâce aux images satellites, on s’est dĂ©tectĂ© quel type de culture sur quelle parcelle. Alors, ça pouvait ĂŞtre vu au dĂ©but comme un contrĂ´le. Aujourd’hui, c’est vu comme une facilitation administrative oĂą on a pu remplir ces tonnes de papiers. Donc, on voit encore une fois le digital pour faciliter la vie avec des tâches un petit peu rĂ©pĂ©titives.

Monde Numérique :
[53:18] Merci Patrice DuboĂ©, directeur de l’innovation pour l’Europe du Sud chez Capgemini.

Monde Numérique :
[53:36] C’est la fin de cet Ă©pisode de l’hebdo du 15 mars 2025. Une Ă©mission concoctĂ©e avec amour et passion, je vous l’assure. Comme chaque semaine, j’Ă©tais ravi de passer ce moment avec vous. J’espère que ça vous a plu. Version longue, très longue, si vous ĂŞtes abonnĂ© Ă  cette version premium. Donc disponible Ă©galement dĂ©sormais sur Spotify. Ne ratez pas notamment la version intĂ©grale de l’interview de ClĂ©ment Delangue de Hugging Face. On va beaucoup plus loin dans l’interview complète Ă  Ă©couter dans quelques jours. Comme d’habitude, je le rĂ©pète, mais c’est super important. N’hĂ©sitez pas Ă  noter ce podcast. Cinq petites Ă©toiles sur Apple Podcasts. Vous pouvez Ă©galement noter sur Spotify et sur d’autres applis d’Ă©coute. Pas toutes. Alors vraiment, faites-le lĂ  tout de suite avant de passer Ă  autre chose. Vous pouvez Ă©galement m’envoyer un commentaire. Et puis, on se retrouve la semaine prochaine, bien entendu, pour une nouvelle Ă©dition de l’Hebdo. D’ici lĂ  chaque jour un Ă©pisode du podcast Monde NumĂ©rique abonnez-vous Ă  la newsletter, vous serez informĂ©, directement dans votre webmail jour après jour, il suffit pour cela d’aller sur le site mondenumĂ©rique.info, enfin si ça vous a plu faites connaĂ®tre Monde NumĂ©rique, parlez-en Ă  vos amis, abonnez-les de force mĂŞme s’il le faut je vous souhaite une très bonne semaine pleine de tech, salut !



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