[0:01] Une intelligence artificielle ouverte, inclusive et éthique. Des milliards qui pleuvent pour construire des data centers. Voilà comment on peut résumer le sommet sur l’IA, en tout cas le sommet pour l’action sur l’IA, qui avait lieu cette semaine à Paris. D’abord, quelques mots sur l’ambiance. Ce sommet avait lieu à deux endroits dans la capitale, au Grand Palais et à Station F. Alors deux salles, deux ambiances carrément différentes.
[0:26] Au Grand Palais, c’était plutôt l’ambiance forteresse. Pour des raisons de sécurité, principalement en raison de la présence des chefs d’État, Emmanuel Macron qui est venu faire un discours, d’autres représentants de pays étrangers, le Premier ministre indien, le vice-président américain, etc. Bref, c’était hyper verrouillé et d’ailleurs il avait fallu batailler pour avoir des accréditations. Résultat, eh bien, il n’y avait pas grand monde sous la voûte majestueuse du Grand Palais. Pas grand monde, mais du beau monde, il faut bien l’avouer, puisqu’on croisait assez facilement des chefs d’entreprise, des têtes connues, des ministres, des représentants divers et variés, tout ce qui compte dans l’écosystème de la tech et aussi très politique, car on est en France, on ne se refait pas. En revanche, à Station F, l’incubateur de start-up dans l’Est parisien, alors là, ambiance totalement différente, il fallait patienter des heures pour rentrer, c’était un peu la panique d’ailleurs, bref, ambiance de cohue, il y avait foule. Au Grand Palais, on parlait politique, c’était les grands principes de l’IA.
[1:29] À Station F, c’était le business. En tout cas, ce qui ressort quand même de ce sommet, c’était un bel exercice d’auto-célébration où tout le monde s’est congratulé et s’est félicité de cette grande prise de conscience de l’importance de l’IA en France. En priorité de la part du Président de la République qui a renoué avec la belle ambiance de la Startup Nation qu’il adore et dans laquelle il est comme un poisson dans l’eau.
[1:55] Parmi les annonces, on retiendra donc cette déclaration internationale en faveur d’une IA ouverte, inclusive et éthique, déclaration signée par une soixantaine de pays, dont la France, l’Inde et la Chine, mais pas par les États-Unis ni par la Grande-Bretagne. Le vice-président américain J.D. Vance a préféré rappeler qu’il valait mieux ne pas trop réglementer en matière d’intelligence artificielle et aussi qu’il fallait se tenir à l’écart de certains régimes autoritaires. Suivez mon regard, c’est évidemment la Chine pour des raisons tout aussi diplomatiques qu’économiques. Et c’est peut-être la raison pour laquelle le vice-président américain J.D. Vance a même quitté plus tôt que prévu le dîner officiel à l’Elysée au moment où le représentant chinois allait prendre la parole.
[2:39] Intéressant d’ailleurs ce dîner auquel participait également Sam Altman, le patron d’OpenAI. Car selon les échos, c’est à ce moment-là que Sam Altman a répliqué à Elon Musk.
[2:50] Et oui, en plein sommet sur l’IA, coup de théâtre, Elon Musk annonce sur X qu’il est prêt à racheter OpenAI pour près de 100 milliards de dollars, ce qui en fait n’est qu’une provocation. Sam Altman lui a répondu, toujours sur X, qu’il n’en était pas question, mais qu’il voulait bien. En revanche, lui, racheter X, dix fois moins cher, très bientôt. C’est donc entre la poire et le fromage, sous les lambris de l’Elysée, qu’il aurait rédigé son tweet selon les écouts. Alors sur le plan politique, on a bien senti en effet la volonté du président de la République d’essayer de créer une troisième voie entre, d’un côté, les États-Unis tout-puissants en matière d’intelligence artificielle, de l’autre côté, la Chine, elle aussi puissance challenger. Que reste-t-il pour l’Europe ? Eh bien, peut-être la possibilité de collaborer
[3:37] au maximum, notamment avec ce qu’on appelle le Sud global. Concrètement, sur le plan des annonces, on retiendra bien sûr ces 109 milliards qui devraient être investis en France, principalement pour des data centers. 109 milliards qui se décomposent comment ? 50 milliards d’euros de la part des Émirats Arabes Unis pour créer le plus grand campus d’intelligence artificielle en Europe avec un gigantesque data center.
[4:02] 20 milliards d’euros de la part du fonds canadien Brookfield pour également des data centers. 3 milliards d’euros de la part du groupe Iliad, de Xavier Niel, et quelques milliards encore, notamment de la part de la start-up Mistral AI, soutenue, on le sait notamment, par Microsoft, qui va créer son propre data center.
[4:23] Au niveau européen, cette fois, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a annoncé que 200 milliards allaient être investis en Europe dans différents projets à travers plusieurs pays. Et puis on a beaucoup parlé aussi de formation avec notamment au niveau français l’annonce et la volonté de créer 100 000 data scientists spécialisés en IA chaque année. Du côté des entreprises, le roi de la fête, c’était le petit français Mistral, mis à l’honneur par Emmanuel Macron lui-même, qui a invité tous les Français à télécharger l’application Le Chat, désormais disponible, concurrentes de ChatGPT, Perplexity.
[5:02] DeepSync et autres. On a vu son PDG Arthur Mensch s’afficher sur tous les écrans de télé, se déplacer comme un chef d’État avec un arrêt aux pages autour de lui. La véritable star est Mistral qui a également annoncé différents partenariats avec des opérateurs, ou plutôt ce sont les opérateurs télécom qui ont annoncé des partenariats avec Mistral. Free qui va proposer gratuitement à tous ses abonnés l’accès au modèle Pro, Mistral Pro. Orange qui va proposer lui Mistral pour ses clients Pro. et Bouygues Télécom qui, de son côté, a fait cavalier seul en annonçant, de son côté,
[5:36] un partenariat avec Perplexity Pro. En tout cas, ce qui est intéressant, c’est de constater cette volonté des opérateurs télécoms de promouvoir l’intelligence artificielle pour le grand public à travers ces partenariats qui donnent accès à des fonctionnalités évoluées. Mais pour revenir au sommet, ce qui marque aussi, c’est qu’on a parlé de réglementation, même si, visiblement, ce n’est plus la priorité numéro un.
[6:01] L’Union européenne semble réaliser qu’elle est allée un peu trop loin dans ce domaine et a l’intention apparemment de lever le pied. Même si visiblement, ce n’était plus la priorité principale. L’Union européenne craint sans doute d’être allée un peu trop loin. Elle a donc l’intention de lever un peu le pied, notamment avec une simplification des procédures administratives et une simplification des lois sur le numérique. Tout cela était donc intéressant, car ça permet de clarifier un peu, les intentions des uns et des autres en matière d’intelligence artificielle, qui désormais s’éclaire et perçue comme une priorité à tout point de vue, car l’IA, on le rappelle, c’est bon pour la santé, c’est bon pour le business, c’est bon pour la défense, il ne faut pas l’oublier. Mais cela présente aussi de nombreux risques, rappelés notamment à l’occasion de ce sommet par le scientifique canadien Joshua Benjo.
[6:53] Des risques pour l’emploi à court terme, pour certains métiers qui vont disparaître mais qui seront remplacés par d’autres, des risques surtout en matière de désinformation et donc de stabilité dans les pays Et enfin, des risques encore plus inquiétants en matière de cybercriminalité et de criminalité ou d’action guerrière proprement dite. L’enjeu, on le comprend, est donc de développer cette intelligence artificielle avec un peu de réglementation pour éviter le pire, mais pas trop pour que le
[7:24] business puisse se faire. Sans oublier l’aspect géopolitique qui a résumé Emmanuel Macron en expliquant que finalement la pire des choses serait qu’il y ait un modèle d’IA américain, un autre chinois, un autre indien, un autre européen, etc.
[7:39] Sauf que malheureusement, c’est déjà un peu le cas.
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